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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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5 août 2015

L'archet à la main

 Jean Pierre

Nous étions six cousins, quatre garçons, deux filles. Les garçons étaient tous grands, tous beaux, tous bourrés de talents originaux, chacun à sa façon.

Celui-là aurait pu devenir musicien. La guerre, un père prisonnier en Allemagne, la misère, en avaient décidé autrement. Le violon resterait un hobby. Où il excellerait. L'archet à la main jusqu’au bout. Jusqu’à ce 26 juillet fatal.

L’amour de la musique, il l’avait hérité de son père, ce bouillant autodidacte qui battait la mesure devant le kiosque à musique pas plus haut que trois pommes. Son turbulent frère aîné, disparu voici quatre mois à peine, rêvait d’horizons lointains quand lui, le calme, le posé, le travailleur acharné, s’émerveillait d’une sonate de Bach ou de Beethoven. Sa vie professionnelle l’avait conduit à s’intéresser sincèrement à l’informatique encore balbutiante. Sa vie personnelle, cependant, restait tissée de musique, ô combien salvatrice quand les drames intimes viennent frapper à la porte. L’autre jour, sa fille Anne est montée dans la « salle de musique » qu’il s’était aménagée sous les toits. Pour refermer définitivement son étui à violon.

Nous étions six cousins, quatre garçons, deux filles arrivées plus tard. Nous restons seules. Notre génération est désormais amputée de tous ses hommes, quatre cousins, tous grands, tous beaux, tous fascinants pour l’enfant unique que j’étais. Et mon cœur saigne.

 

Jean Pierre 1

 

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Commentaires
J
très émouvant cette page de souvenirs
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C
Le temps passe et nous enlève toujours plus d'êtres chers. C'est normal mais on ne s'y fait pas... Mais quand même... quel lâcheurs ces garçons !!!<br /> <br /> Gros bisous
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B
Que c'est beau, Marianne. Tu as vraiment le don de la parole. Merci pour ce bel éloge à mon oncle.
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N
C'est émouvant, ces confidences, Marianne. Que dire, sinon que les êtres chers partent un jour et nous laissent vides d'eux. Vides ? Vraiment ? Nous en gardons le souvenir, c'est ainsi qu'ils vivent encore et toujours, et ce violon, même rangé dans son étui, a de toute façon semé si haut, si joliment, si fièrement ses notes dans ta mémoire, que celui qui en jouait ne te quittera jamais ;) Et tu le sais.<br /> <br /> À bientôt. Et merci pour le partage.
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C
il reste vivant dans la musique que tu écoutes, il reste vivant dans la musique de tes mots...
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