Trois ans déjà !
Trois ans aujourd'hui que Maman (Lorraine) s'envolait pour le paradis des poètes. C'était trop tôt, beaucoup trop tôt ! Même si elle approchait les 95 ans. Je garde précieusement cette photo de son dernier Noël. Le sale crabe était passé par là, avait blanchi ses cheveaux et émacié son visage mais elle gardait cette vivacité d'esprit, cet optimisme et cette coquetterie qui lui allaient si bien. Louve Chérie veillait sur elle à la résidence qui l'accueillait depuis près d'un an. Elle n'était pas malheureuse mais à bout de forces. Elle est partie sereine. C'est ma consolation. Et aussi qu'elle n'ait pas eu à vivre la période actuelle qui l'aurait privée de ces contacts tellement essentiels quel que soit l'âge, mais plus encore dans le très grand.
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Je me dis parfois que là où elle est Lorraine a peut-être croisé Anna de Noaïlles, Baudelaire, Rimbaud ou Verlaine, sa chère Colette qu'elle relisait inlassablement, Jane Austen et Virgnia Wolf qui la touchaient profondément. J'espère surtout qu'elle a retrouvé mon père, le grand amour de sa vie à qui elle a consacré tant de superbes vers. Et je sais qu'elle veille sur nous tous. En partant, elle m'avait confié la garde de son petit cobaye Musette, qui s'est tardivement révélé être un monsieur. "Musette" donc (Kevin pour les intimes) l'a rejointe il y a quelques semaines. J'aime à croire que c'est elle qui m'a envoyé l'autre jour une petite Sahara, sauvée de la rue en Espagne, pour meubler ma solitude.
Sahara