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Journal d'une mamy-boomer
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10 juin 2013

Les trois femmes de Jean Simon

Englebert arrière-grand-père

Depuis notre troisième millénaire hautement technologique, on imagine mal, je pense, les conditions de (sur)vie de nos ancêtres, même pas très lointains, et guère mieux sans doute leurs sentiments. En ces temps où la mortalité infantile avant le premier anniversaire frôle les 20%, où l’espérance de vie des survivants ne dépasse pas 45 ans, le décès d’un enfant ou d’une épouse les jettent-ils dans les affres du deuil comme ces mêmes faits le feraient aujourd’hui ? On peut se poser la question quand on observe la rapidité avec laquelle souvent ils enfantent un nouveau rejeton ou convolent à nouveau, sans doute d’ailleurs pour donner un père ou une mère aux enfants du lit précédent. Dans ces conditions, l’amour est-il le moteur du couple ?

Quoi qu’il en soit, la légende familiale rapportait que mon trisaïeul Jean Simon s’était marié trois fois. On en ignorait la cause, même si on se doutait un peu, beaucoup, qu'il ne se prenait pas pour Barbe Bleue. On savait juste que mon arrière-grand-père Alphonse Théodore Joseph (dont j’ai déjà parlé ici comme étant le père de Jean) était du premier lit et que l'oncle Edmond et la tante Elise l’étaient du troisième.

Mes recherches aux archives de l’Etat à Liège m’ont permis d’en apprendre davantage et de découvrir que la vie, pour Jean Simon, ne fut pas un long fleuve tranquille, alors pourtant qu’après des générations de petits artisans, il fut le second, après son cousin Théodore Henri, à jouir d’une situation enviable en tant que receveur de l’octroi communal.

Donc, Jean Simon se marie avec Elisabeth en 1840. Très vite, ils ont un fils, mon arrière-grand-père Alphonse Théodore Joseph. Peut-être d’autres enfants suivent-il. La chose reste à éclaircir. Quoi qu’il en soit, Elisabeth décède au printemps 1847. Elle vient d’avoir trente ans.

C’est presque par hasard que j’ai découvert la raison du décès qui n’est jamais précisée dans les actes d’état civil : quatre jours avant sa mort, Elisabeth avait mis au monde un petit Mathieu qui ne survécut que deux jours. Ainsi, Jean Simon ne perdait pas seulement un fils nouveau-né mais également son épouse, comme cela se passait hélas trop souvent à l’époque.

Trois ans plus tard, il se remarie avec Hubertine. Elle a vingt cinq ans, il en a trente-huit. La vie promet d’être belle. Mais, deux mois à peine après son mariage, la jeune femme décède. Sans doute pas en couche ! De maladie, plus vraisemblablement. Il faudra vérifier s’il n’y eut pas à cette époque une épidémie qui décima la population liégeoise.

Je n’ai pas encore trouvé la date du remariage de Jean Simon avec Anne. Sans doute n’était-elle pas originaire de Liège. Mais peu de temps s’écoule après le décès puisqu’Edmond naît en 1854. Le hasard m’ayant fait rencontrer l’une de ses petites filles aujourd’hui centenaire, après que nous ayons été voisines sans le savoir durant trois décennies, j’en sais long aujourd’hui sur la descendance d’Edmond. Quant à Elise, qui vit le jour en 1855 et resta célibataire, elle était la marraine de Maman et mourut chez elle durant la guerre. Jean Simon, notre ancêtre commun était mort en 1875… trois ans après sa troisième épouse, avec qui il vécut quand même près de vingt ans.

S’il avait fait un bond dans l’échelle sociale, s'il avait fait mentir les statistiques en atteignant l'âge canonique de... 63 ans, Jean Simon avait donc également connu trois mariages, trois veuvages et la mort d’au moins un enfant en bas âge.

Je suis heureuse que la médecine ait fait de sérieux progrès depuis 150 ans ! 

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Commentaires
M
Il n'est pas impossible qu'il ait eut une gouvernante, la légende familiale racontant d'ailleurs qu'en troisième noce, il avait épousé celle-ci, mais en l'absence de leur acte de mariage, difficile d'en être sûre. D'autant qu'il n'est pas certain qu'il y serait mentionné sa profession.
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L
Je trouve qu'après son premier veuvage, ton ancêtre a mis longtemps à se remarier. Le plus souvent, les choses ne traînaient guère : c'est qu'il fallait quelqu'un pour tenir la maison et élever les enfants. Et comme il aurait été malséant pour une femme de vivre sous le même toit qu'un veuf, le mariage était rapide.<br /> <br /> Ton ancêtre était peut-être assez riche pour avoir une gouvernante pour ses enfants… ou peut-être que sa mère était venue prêter main-forte durant quelque temps. Tous ces détails me passionnent moi-aussi…
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_
Personnellement, je pense que de tout temps, les êtres humains ont souffert de la perte de leurs proches, et l'on ne peut, selon moi, raisonnablement commencer à hiérarchiser l'intensité du chagrin en fonction de l'époque. Seulement, les modes de vie, autant que les progrès de la médecine, ont beaucoup évolué, de même que les mentalités, ça, c'est certain. Ainsi, dans ces temps anciens (pas forcément si lointains d'ailleurs), il était très important, socialement, d'être marié (souvent de façon arrangée), d'avoir des enfants (parfois beaucoup), ce qui me fait penser que les gens, à l'époque, devaient surmonter coûte que coûte la douleur d'avoir perdu un mari, une femme, un enfant, afin peut-être de continuer à jouer son rôle dans la société, d'y avoir sa place, et, qui sait, de conjurer tout simplement le sort. Car, tu le rappelle si bien, on mourrait tôt, les drames étaient bien plus nombreux et courants, parce que la science n'était pas aussi avancée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Mais il faut croire que de toute évidence, vivre ou survivre était la règle tant que la mort n'avait pas frappé.<br /> <br /> <br /> <br /> Très captivant, Marianne, tes récits au sujet de tes recherches sur tes racines et l'intérêt que tu y portes, sans oublier la manière que tu as de nous en partager l'essentiel ;)
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C
Les drames étaient violents mais je pense qu'à l'époque chacun était résigné car c'était l'ordre des choses. Relisant l'histoire avec nos critères d'aujourd'hui et en raccourci, cela nous fait frémir. Cependant à l'époque, comme aujourd'hui, la vie se déroulait jour après jour et chacun devait composer avec sa destinée. Bisous et bon dimanche à toi
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M
C'est vrai, mine de rien, qu'en quelques noms, quelques dates, quelques lieux ou adresses, les archives nous en disent bien plus long qu'il pourrait y paraître. C'est pourquoi, d'ailleurs, il est si important de ne pas se limiter aux actes concernant ses ancêtres en ligne directe. Les collatéraux aussi ont plein de choses à nous apprendre : une fratrie et la place que l'on occupe dans celle-ci sont importantes, le nombre d'années qui sépare l'aîné du dernier-né, le métier de chacun, les noms des parrains et marraines, ceux des témoins... Derrière toutes ces petites infos apparemment sans importance ce sont des vies qui se dissimulent et dont nous parviennent des bribes comme autant de petits signes qui nous sont faits à travers le temps.<br /> <br /> Et c'est vrai aussi qu'il y a entre ton arrière-grand-père et toi un air de ressemblance indéniable !
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