Picoreuse
Contrairement aux apparences, je ne suis pas une généalogiste systématique. Méthodique, oui. Sans méthode, pas de résultat ! Systématique, aucunement.
A part les quelque deux dernières années presque exclusivement consacrées à ma branche maternelle ENGLEBERT, parce que je partais de presque rien et qu’aucune aide ne m’avait été fournie par Généanet où personne d’autre me m’avait précédée sur ce chemin ardu, je suis plutôt du genre « picoreuse » s’intéressant tantôt à une branche tantôt à une autre. Tout récemment, je suis ainsi revenue aux DELFOSSE, longtemps délaissés : notre escapade estivale en Avesnois, la beauté de son bocage et les souvenirs attachés à la forêt de Mormal avaient réveillé l’envie qui s’était précédemment embourbée dans d’interminables listes de naissances et de décès.
Les professionnels et les amateurs éclairés me blâmeraient assurément car procéder de la sorte n’est pas gage d’efficacité. Elle permet pourtant quelquefois de dénicher quelques « perles » et de dénouer au passage quelques nœuds généalogiques. J’ai déjà conté comment, tout récemment, l’obstacle qu’avait longtemps représenté mon ancêtre que je pensais française Aldegonde DURLIQUE fut fortuitement franchi au détour d’une recherche non dans les archives du Nord mais au cœur même de l’Internet grâce à… Google.
Or, voilà que l’autre jour, auscultant les branches pour lesquelles je ne remonte pas plus haut que 1700, je décide de m’attaquer aux proches de Gérard LERUTH et Anne Catherine MESTREZ dont je sais seulement qu’ils se sont mariés à Glain, près de Liège, en 1751. Très vite, je découvre à leur fille Jeanne LERUTH, mon aïeule, une série de frères et de sœurs, ainsi que leurs grands-parents maternels André MESTREZ et Gertrude MAGHUIN. Et c’est là que, soudain, je tombe sur une mine : le curé du village, Martin BIDELOZ, beaucoup plus méthodique que moi, recense plus ou moins régulièrement les maisons et les habitants de sa paroisse, établissant au passage la physionomie du village à un moment précis de son histoire. Bien sûr ni noms de rues ni numéros ne sont encore en vigueur à l’époque. Alors, il numérote lui-même, décrivant les tours et détours de ses pérégrinations et il y a quelque chose d’à la fois scientifique et de profondément émouvant dans ces annotations minutieuses vieilles de plus de 250 ans.
Dans ce village de papier daté de 1750, j’ai retrouvé mon ancêtre Anne Catherine MESTREZ. Elle a alors 24 ans et vit non loin de l’église Notre-Dame-des-Lumières avec sa mère Gertrude MAGHUIN, veuve MESTREZ, et une nièce de celle-ci, Elisabeth DRIANE, 17 ans. Anne Catherine a-t-elle été la seule fille du couple MESTREZ-MAGHUIN ? C’est vraisemblable. Je n’ai pas retrouvé trace de frères et sœurs dans les registres. Ce que la description du curé ne précise pas – et pour cause - c’est qu’en février 1751, Anne Catherine épousera Gérard LERUTH - qui n’habite pas le village à ce moment – juste à temps pour que sa fille Jeanne soit « légitime » : elle pointe le nez dix jours à peine après le mariage. Dans une description postérieure, Anne Catherine est veuve à son tour et chargée d’enfants. D’où venait Gérard LERUTH. Où et quand est-il décédé ? Je ne suis pas encore arrivée à le préciser, mais me voilà relancée sur la piste de cette branche-là. Jusqu’à ce que des obstacles, apparemment insurmontables, me découragent une nouvelle fois et me dirigent vers d’autres horizons. Après tout, puisqu’à chaque génération le nombre d’ancêtres est multiplié par deux, ce n’est pas le choix qui manque !
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