Perdus de vue
Parmi les ancêtres, il y a ceux que l’on suit sans difficulté, de la naissance, même lointaine de plusieurs siècles, à la mort. Ils ne sont pas difficiles à dénicher parce qu’ils sont nés, ont vécu, sont morts dans le même village ou celui d’à côté, où ils se sont mariés. C’est gai de les retrouver : mariage, naissance, décès, l’arbre s’étoffe rapidement, on déniche leurs autres rejetons que l’ancêtre direct, ces frères et sœurs souvent témoins d’un mariage, parrains ou marraines d’un neveu ou d’une nièce. On remarque un peu navré les décès d’enfants en bas âge et de femmes en couches, les remariages, par amour ou nécessité, allez savoir. La vie va, la recherche généalogique aussi, on se dit que, grâce à l’Internet, aux archives en ligne, aux moteurs de recherche, ce n’est pas si difficile au fond et, tout à coup, l’un d’entre eux disparaît du paysage. Nulle date de mariage, aucune de décès dans le périmètre habituel de recherche. Que sont-ils devenus, vers quel horizon envolé ?
Cela arrive avec des ancêtres déjà lointains, parce que les archives ne sont plus complètes, détruites ou perdues dans les arcanes du temps. Cela arrive avec de plus proches.
J’ai ainsi un arrière-grand-oncle Modeste Jean Octave ENGLEBERT, né à Liège le 14 mars 1856, dont j’ai découvert la naissance avec stupeur car, si j’avais abondamment entendu parler dans la famille de son frère Edmond et de sa sœur Elise (marraine de ma maman), demi-frère et demi-sœur de mon arrière grand-père, il n’avait jamais été question de ce troisième enfant de la troisième épouse de Jean Simon ENGLEBERT. Est-il mort en très bas âge ? Quoi qu’il en soit, sitôt né le voilà qui disparaît : aucune mention de décès dans les archives liégeoises. Il a pu se marier et mourir ailleurs, bien sûr, mais dans ce cas pourquoi le récit familial a-t-il effacé jusqu’à son souvenir ? Oubli volontaire ? Pourquoi pas ? Mais, dans ce cas, pour quelle infamante raison ?
Plus proche encore, mon grand-oncle Léon Michel Joseph ENGLEBERT, le plus jeune frère de mon grand-père Victor. Ma grand-mère prétendait qu’il avait émigré aux Etats-Unis avant la guerre de 14-18. Nous n’en avions jamais eu confirmation. Grâce à Familysearch.org, le site de l’église mormone, je viens d’en avoir confirmation puisque je découvre une carte de conscription à son nom datée du 17 septembre 1918. Ainsi, il semble bien qu’il fut enrôlé dans l’armée américaine vers la fin de la première guerre mondiale. Y a-t-il trouvé la mort ? Je l’ignore. Tout au plus, sais-je qu’il habitait à l’époque le New Jersey dans le « Bergen County n°3 », c’est-à-dire, semble-t-il, New-York ou ses environs. Y avait-il rejoint son frère aîné Jean, lui aussi parti aux Etats-Unis, lui aussi disparu des radars après son mariage avec une « artiste lyrique » à Paris en 1898 ? Ce n’est pas impossible, car au moment de son engagement dans l’armée, Léon est « developer move pictures » dans la société de production « Famous Player – Lasky Corporation » qui produit des films mettant en valeur des vedettes de la scène théâtrale et contribuera bientôt à la légende hollywoodienne. L’avenir me le dira peut-être. Après tout, j’ai bien été retrouvée par l’un des descendants de Thérèse Jacqueline ENGLEBERT, la sœur de Jean et Léon, émigrée, elle, au Chili au début du XXe siècle et que tout le monde croyait morte dans un tremblement de terre, alors qu’elle vécu jusqu’en 1969.
Quoi qu’il en soit, je viens de m’inscrire sur Facebook aux groupes fermés « Généalogie » et « Généalogie pour tous en Belgique » qui proposent aide, échanges et partages en généalogie. Il y a plus dans deux têtes que dans une et surtout dans deux mille et plus. Je ne désespère donc pas de progresser encore sur le chemin parfois ardu des retrouvailles avec mes ancêtres. Ah et tant que j’y pense, FR2 a programmé ce mardi 28 juin à 22h30 une émission « Retour aux sources » qui suivra le comédien François Berléand dans ses propres recherches et devrait l’emmener bien loin de Paris.