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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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29 mai 2015

Coup de vieux

Le coup de vieux m’est tombé dessus. D’un coup. D’un seul. Plus sûrement, plus rapidement qu’en me découvrant une nouvelle ridule au coin des lèvres. Rien qu’en ouvrant un banal courrier administratif : le Service public fédéral des pensions me signale que mon dossier « Retraite » est dans le pipe-line. Un an et des poussières avant la date fatidique.

Vous me direz : c’était prévisible. Annoncé depuis soixante-quatre ans. Enfin, non ! À l’époque, les femmes étaient retraitées à soixante ans. J’ai eu droit à une « rawette » (*) de cinq années lors d’une précédente réforme législative qui mettait le « sexe faible » - pardon, le « genre féminin » - sur pied d’égalité avec nos « solides » compagnons. J’échappe à un nouveau chouia de deux années de travail supplémentaires qui ne prendra cours qu’en 2030 et concernera donc mes enfants et petit(s)-enfant(s). À moins que ceux-ci ne doivent bosser jusqu’à septante ans ?

Mais là n’est pas l’objet de ce billet, au contraire de la date de péremption qui me frappera donc d’ici quelque mois. Et de m’interroger : serai-je encore consommable – professionnellement parlant - après ce délai ou juste bonne à jeter ? Pourrai-je encore écrire de temps à autre ailleurs que sur ce blog très (trop ?) personnel ? Serai-je encore acceptée dans un journal papier traditionnel ? Pour quelques piges, un article par-ci par-là, un compte-rendu ou un billet d’humeur.

Je sais, je sais, tant de travailleurs aspirent à la retraite, se mobilisent même pour empêcher nos décideurs d’en retarder l’échéance. Je sais : dans ma nostalgie, il y a un peu - beaucoup - cette blessure intime d’avoir à rendre ma carte de presse, celle qui depuis plus de quatre décennies me confère ma légitimité, me personnalise plus sûrement que ma carte d’identité, même si je ne l’exhibe pas souvent. Mais je sais qu’elle est là, bien au chaud dans mon portefeuille, dans le fouillis de mon sac, lieu privé entre tous. Bout de carton mué en plastique, je l’avais décrochée dans l’euphorie après un passage devant un comité de vieux barbons scrutant la jeune prétendante que j’étais d’un œil plus que suspicieux. Que venait faire cette gamine dans leur confrérie ? Je n’en connaissais aucun.

IMG_3257C’était au temps où les femmes étaient encore rares dans la profession et ils m’avaient ô combien finement demandé si j’écrivais réellement des articles ou si je tenais la rubrique « cuisine » dans les pages féminines. Pour les convaincre, j’avais failli les inviter à goûter un œuf au plat que j’étais à peu près certaine de rater. La bienséance m’avait retenue. Et, avouons-le, la crainte de me discréditer définitivement. Finalement, la lecture de quelques articles, la déclaration sur l’honneur du directeur de la rédaction, le prestige du vieux canard dans lequel j’officiais comme pigiste, m’avaient valu le précieux Sésame.

Bref, ma carte et moi, c’est une longue histoire, en passe de se clôturer. Le couperet tombera bientôt. Merci à l’Administration de me l’avoir rappelé.

Tiens, je m'en vais remettre une couche de crème antirides, moi.

 (*) J’ai mis un astérisque parce que mon Mac à moi ne reconnaît pas les parlers régionaux de Belgique, du Nord de la France, de Picardie et de Champagne Ardenne.

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Commentaires
M
Pas de panique, chère Cathy ! Je ne vais pas déprimer parce qu'on m'annonce quelque chose que je sais déjà : d'ici un an et quelques poussières je serai retraitée et, comme tu le dis, j'ai amplement de quoi continuer à m'intéresser et à m'exprimer, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Comme tu le dis : c'est juste un pincement au coeur que ce courrier est venu rappeler à mon bon souvenir. Mais si on voit les choses d'un autre point de vue, c'est plutôt encourageant : il y a au moins une administration qui fonctionne (en plus de celles des impôts) et je toucherai mon dû dans les temps, après 43 ans de bons et loyaux services ;-)
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C
Ouh que ces petits coups vicieux de l'administration sont blessants ! Quand j'ai eu mes 50 ans... à 50 ans et trois jours j'ai reçu mon courrier AGIDECA pour la prévention gratuite du cancer du sein pour les quinquas et mon premier décompte de trimestres en vue de mon hypothétique retraite. Ça fait bizarre...<br /> <br /> Bon tout cela ne te rend pas sexa-gaie mais je crois que tu te fais trop de souci.<br /> <br /> - D'abord quand on a une maman aussi extraordinaire, on se dit que la génétique nous a vraiment vernie ! (pardon Lorraine tu es beaucoup plus que de la génétique)<br /> <br /> - Cette carte, tu ne la rendras JAMAIS ! Si ta rédaction l'exige, tu dis que tu l'as perdue ou tu l'avales devant eux mais tu ne cèdes pas, c'est ta vie... cette carte est à toi.<br /> <br /> - Et tu es douée pour l'écriture, tu l'aimes, ta tête est bien remplie, tes idées fusent et tes connaissances sont très étendues, la biographie, tes bouquins, ta passion pour la généalogie et tes chroniques de la vie quotidienne en sont la preuve vivante (plus tout ce que je ne connais pas de toi)... <br /> <br /> Alors tout cela se transformera en péripétie et tu écriras jusqu'à ton dernier souffle... avec ou sans carte de presse... à jour ;-)<br /> <br /> Ne te prends pas la tête avec tout ça et merci d'avoir partagé ce pincement au coeur.<br /> <br /> Gros bisous
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N
Bonjour Marianne,<br /> <br /> Oh oui, je peux comprendre à quel point cette carte-là te personnalise et te réalise mieux que n'importe quelle autre !<br /> <br /> Il paraît qu'il y a un temps pour tout, y compris pour arrêter de travailler. C'est sans doute vrai, n'empêche que lorsque son tour arrive, j'imagine bien qu'on se fiche pas mal des "il paraît"... Bizarrement, je n'y suis pas encore, mais j'y ai déjà pensé, et j'ai comme l'impression que la retraite c'est le premier chapitre de la vieillesse. Mais je ne veux pas t'affoler davantage, ta plume alerte démontre à elle seule que tu as gardé une sacrée dose de jeunesse, mais on dirait que c'est héréditaire dans ta famille ;)
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P
Troisième réponse, troisième avis, est-ce qu'on ne peut pas la garder (genre, en souvenir?) J'en ai eu une (de journaliste associative), il fallait juste mettre le bon auto-collant de l'année en cours (ou peut-être la renouveler), en fait, je l'ai eue un an, je ne m'étais même pas rendu compte, lors d'un voyage à Paris, en 2002, qu'elle était juste périmée - dans aucun musée on ne l'a remarqué non plus, sauf au musée de la vie juive de Paris... Que j'attendais de visiter avec impatience! Bref, j'ai toujours ma carte - qui m'a si peu servi ! Peut-être peux-tu continuer à te consacrer à des livres aussi ?
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M
C'est une autre vie qui va commencer.. mais qui ne vous empêchera pas d'écrire encore de beaux billets dans certains magazines..Je suis heureuse de lire aussi le commentaire de Lorraine que j'embrasse respectueusement et avec amitié.<br /> <br /> Bonne soirée !
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