Chronique familiale : (5) La Principauté de Liège
Liège en 1649 – gravure de Julius Milheuser (1611-1680)
Anne, la première fille d’Eustache ENGLEBERT et de Anne LIBERT a pour parrain Gilles (dont le nom de famille reste illisible) et pour marraine Anne de FREISNE, elle-même épouse d’un autre Eustache ENGLEBERT, sans doute un cousin de son père.
Lorsqu’elle vient au monde le 14 novembre 1649, cela fait déjà 664 ans que Liège est la capitale de la principauté épiscopale à laquelle elle donne son nom. Elle a vu le jour en 985 lorsque Notger, évêque de Liège depuis 972, a reçu de l’empereur du Saint-Empire romain germanique Otton II un privilège d’immunité générale qui fait de lui le seul et unique maître de ses terres et possessions. Ainsi, dès ce moment Liège n’est-elle plus seulement la capitale d’un diocèse mais aussi celle d’un État, qui reste certes vassal de l’empire germanique mais que le prince-évêque peut gérer en toute indépendance. Le territoire de la principauté s’étend dans les actuelles provinces de Liège et de Namur, où il englobe Dinant, Rochefort, Ciney, Herve, Huy, Waremme, Verviers, Spa, etc. mais aussi en Hainaut (Châtelet, Marchienne-au-Pont, Thuin, Couvin, Philippeville, etc.), dans le Limbourg belge (Tongres, Saint-Trond, Hasselt...) et même le Limbourg néerlandais.
D’autres princes-évêques règnent ainsi sur les principautés de Bâle, Cambrai, Strasbourg, Cologne, Trêves, Utrecht… Or, avec le temps, ces grands dignitaires vont souvent exercer un pouvoir plus temporel que spirituel. Il est même fréquent qu’ils ne soient pas prêtres. C’est le cas, notamment de Maximilien Henri de Bavière, devenu prince-évêque de Liège en 1650, peu après la naissance d’Anne, qui va régner 38 ans et jouer un rôle crucial lors de la Guerre de Trente ans opposant protestants et catholiques.
Il n’empêche, les premiers princes-évêques étaient réellement des hommes d'Eglise et, très vite, sept collégiales - Saint-Pierre, Sainte-Croix, Saint-Paul, Saint-Jean, Saint-Denis, Saint-Martin et Saint-Barthélémy – s’élèvent dans la ville en plus de la cathédrale où est enterré Saint Lambert. Deux abbayes bénédictines s'y ajoutent : Saint-Jacques et Saint-Laurent, sans parler de nombreuses églises.
Cette gravure de Mattaeux Merian (1593-1650) datant de 1647 en témoigne : dominée par la citadelle et encore ceinte de remparts, la ville est hérissée de clochers. Elle montre aussi clairement que la Meuse n’y reçoit pas seulement l’Ourthe pour affluent : elle s’y divise en plusieurs bras, déterminants cinq quartiers : Amercœur, Avroy, Sainte-Marguerite, Sainte-Walburge et Saint-Léonard.