Le meilleur de la fiction télévisuelle anglaise : Un monde sans fin
Non, je ne vais pas vous faire le coup du palmarès des meilleures séries autour du monde ! D’une part, mon érudition dans le domaine est limitée, de l’autre, mes rares et récentes escapades vers des séries nordique, australienne et néozélandaise ne m’ont pas nécessairement convaincue de poursuivre l’expérience. Non ! Simplement, coup sur coup, j’ai kiffé – comme disent les jeunes - « Un village français » et « Un monde sans fin ». Deux série historiques foncièrement différentes, non parce que l’une est française et l’autre anglo-allemande, mais parce que la française plonge le téléspectateur au cœur de l’histoire récente alors que l’anglaise le propulse au Moyen Age !
Les détracteurs de la télévision peuvent s’époumoner autant qu’ils le veulent, ils ne m’ôteront pas de l’idée que, quand les séries sont aussi bien torchées que ces deux-là, elle devient une fabuleuse machine à voyager dans le temps.
J’ai déjà dit ici tout le bien que je pense du « Village français ». Pour ce qui est du « Monde sans fin », deuxième saison des « Piliers de la terre » inspirés du best seller de Ken Follet, je lui trouve certes un côté plus manichéen, mais aussi un souffle épique et romanesque bien fait pour initier le téléspectateur à l’esprit de l’époque, celle qui plonge au cœur de la peste noire, précède la guerre de Cent ans et annonce la Renaissance.
Alors, sans doute, l’histoire d’Angleterre est-elle quelque peu malmenée, mais la société médiévale me semble restituée avec justesse autant que brio à travers la vie quotidienne, les amours, les espoirs et les luttes des habitants de la petite ville de Kingstbridge. En combattant l’obscurantisme, l’injustice du pouvoir acquis par la violence et la peur, la précarité de la condition paysanne et le sort peu enviable des femmes quelles que soient leurs origines sociales, Mattie la rebouteuse, la prieure Cécilia, Caris la Lainière et la courageuse Gwenda symbolisent la lutte des plus faibles contre tous les arbitraires. Ceux des nobles et des puissants, ceux de l’Église et, plus généralement, des hommes. A leurs côtés, Merthin le charpentier, amoureux de Caris, et le mystérieux moine Thomas Langley, sont les deux seules figures masculines réellement positives, réellement attachantes. Comme si l’avènement de temps moins obscurs ne pouvait passer que par celles qui acceptent, au péril de leurs vies, d’emprunter des chemins autres que ceux tracés de toute éternité par la force machiste. Des chemins qui passent par la compassion, la justice et la connaissance.