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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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17 février 2016

Les clous

P1120832

Ils sont dix, ils sont cent, ils sont mille. Que dis-je ? Ils sont cinq ou dix mille, fichés dans l’écorce ridée du vieux tilleul, insensible aux dix mille trous, indifférent à l’insolite parure que les hommes lui ont tissée au fil des siècles. Seule la foudre pourrait l’abattre, s’il lui venait l’idée d’être attirée par la masse métallique enserrée dans le tronc tortueux. C’est arrivé à certains de ses congénères. En attendant, il continue à se dresser, majestueux, tout à côté de l’entrée de l’église qui lui vaut d’avoir été élu pour accueillir tous les maux que les villageois voudraient bien lui confier, dans l’espoir qu’il les terrasserait.

Car ce maillage de clous n’est en aucune façon ornemental. Mêlant rituel païen et croyance chrétienne, il s’apparente à la pensée magique. Une superstition aussi ancrée dans l’esprit populaire que les clous le sont dans l’écorce du vieux tilleul si l’on en croit le nombre ahurissant de petites têtes rondes érodées par le temps, mais parfois bien brillantes. Comme si certains villageois étaient passés récemment, sans doute de nuit, en tout cas discrètement, pour enfoncer ici le clou qui les délivrerait plus sûrement que l’ordonnance du médecin ou le soin du dentiste.

Ce sont, en effet, les maux de dents et de peau qui réagiraient le mieux au rituel consistant à transférer une maladie vers les profondeurs de la terre via l’arbre et ses racines qui s’y enfoncent profondément. Le clou, avant d’être planté dans l’écorce, doit être mis en contact avec la zone malade. La douleur est censée disparaître au fur et à mesure que la pointe pénètre dans le tronc. Le passant ahuri d'aujourd'hui en vient immanquablement à se demander si la magie ancestrale n’agit pas réellement car, enfin, pour que la coutume persiste ainsi à travers les siècles, ne faut-il pas que quelques malades au moins se soient sentis soulagés ? Et peut-être, au fond, l’imploration concomitante des saints de l’église voisine démultiplie-t-elle l’efficacité du plantage du clou ? Après tout, deux précautions valent toujours mieux qu’une !  

P1120830

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Commentaires
P
parfois on est prêt à n'importe quoi, qu'importe le rationnel. On ne sait jamais...
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Q
Je plains l'arbre, qui est un être vivant et qui doit souffrir malgré tout de ces clous...<br /> <br /> Quand je pense que j'expliquais à mes élèves qu'il ne fallait pas arracher les branches ou les feuilles...<br /> <br /> Qu'aurais-je pu dire, même si ça peut être plus joli que l'arbre à loques...?<br /> <br /> En tout cas, merci pour la découverte de cette coutume.
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C
c'est ça l'effet placebo... et faut croire que ça marche - sauf pour le pauvre arbre qui par temps pluvieux doit souffrir de sacrés rhumatismes ;-)
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M
Je connaissais l'arbre à loques mais pas l'arbre à clous... intéressant pour compléter la liste des traditions populaires. Merci pour cet article !
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C
Pauvre arbre, j'espère qu'il ne souffre pas ! mais cette coutume est charmante. On parle de la foi qui sauve, cet arbre en est bien la démonstration... :-) Bisous et merci pour ce billet intéressant et assez folklorique.
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