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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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8 janvier 2016

Heureusement, il y en a d’autres

 

P1120592

Le plus dur quand on accueille chez soi une personne très âgée, qui plus est en mauvaise santé, n’est pas le travail supplémentaire induit par sa présence, ni le défilé permanent des aides et soignants qui, sachant la porte non fermée à clé, entrent et sortent désormais sans que nous ayons à nous déranger. Ce n’est pas non plus la nécessité de parler plus haut et plus distinctement qu’on ne le fait entre nous, ni celle de penser, lorsqu’on quitte la maison pour quelques heures, à des tas de détails que l’on négligeait autrefois : ouvrir la bouteille de vin, prévoir son repas, le garder au frais dans un sac frigorifique, vérifier le port du pendentif de télévigilance… Non ! Le plus dur consiste à avoir continuellement sous les yeux la déchéance qui nous attend tous au-delà d’une certaine longévité.

Nous avons de la chance : même s’il lui arrive d’oublier un nom, une date ou un événement mineur, Belle Maman « a toute sa tête », comme on dit familièrement. Mais il nous semble qu’elle rapetisse chaque jour davantage. Malgré les séances de kiné deux fois par semaine, ses jambes ne la portent plus qu’avec des difficultés croissantes. Par crainte de ne plus arriver à se relever, elle a depuis longtemps renoncé à s’installer dans un fauteuil mais, bientôt, elle pourrait ne plus pouvoir se lever d’une chaise… ou de son lit. Ses doigts déformés par l’arthrite la privent de la force et de la dextérité nécessaires pour saisir un sucre, tartiner son pain, couper sa viande.  Ses yeux ne lui permettent plus de lire les petits caractères. La télévision la fatigue vite et d’ailleurs l’ennuie plus qu’elle ne la distraie. Serons  nous ainsi, un jour ? Peut-être. Sans doute. Ce n’est pas agréable d’y penser mais comment ne pas y penser ?

Impuissants, nous assistons en direct à la limitation de ses capacités physiques, à la réduction de son univers, à l’amertume grandissante. La vie a depuis longtemps perdu son sel et la mauvaise conscience s’en vient nous tarauder : que pourrions nous faire de plus ? Ou d’autre ? Parfois le découragement guette. Et la crainte de devenir à notre tour ce poids plus moral que physique qui pèserait sur les épaules de nos enfants. Surtout ne pas se laisser engluer dans la morosité ambiante ! Tenter de préserver la foi dans l’avenir. Continuer à vivre, à sortir, à aller au spectacle, à rencontrer des amis. À rire. Même si les événements du monde ne nous aident pas.

Je sais, je ne suis pas drôle. Il y a des jours comme ça. Heureusement, il y en a d’autres.

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Commentaires
N
Ton billet, si vrai, me rappelle une phrase de Marion Muller-Colard :<br /> <br /> "C'est malheureux, mais il n'existe pas de formation universitaire qui prépare à l'impuissance."<br /> <br /> Un petit remède gratuit qui permet de continuer la route même quand elle est semée d'embuches : essayer de trouver chaque jour un petit quelque chose de beau à admirer, une petite miette de bonheur. Je t'assure, ça marche ;-)
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Q
Je ne sais que dire... c'est vrai que la vie est ainsi.<br /> <br /> Pourtant, je sais combien il est important de continuer à faire au mieux pour ceux qui nous entourent...<br /> <br /> Le temps passe trop vite.<br /> <br /> Je voudrais te dire de ne pas t'inquiéter, mais comment faire alors que je m'inquiète aussi ?<br /> <br /> Je t'embrasse fort.
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B
Je comprends tout à fait ce que vous écrivez. Ma mère diminue chaque jour un peu plus et je me dis que c'est cela aussi qui m'attend, même si je m'y prépare mieux qu'elle... C'est très difficile. Mais c'est la vie, aussi.<br /> <br /> Je vous embrasse.
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L
Oui, même si Belle-maman reçott quotidiennement les soignants que son état de santé exige, vous savez qu'il se détériore jour après jour; comme elle-même, j'en suis certaine, en est parfaitement consciente. Comment conserver un moral détendu, comment éloigner la morosité qui en découle? Rien n'est simple. Créer son petit programme de sorties; aller au Musée, toi qui t'intéresse tant aux Beaux-Arts, au cinéma une fois par semaine, même si au dernier moment on se dit "non, après tout, je vais regarder la TV"; rencontrer les amis de toujours avec lesquels on est à l'aise, s'obliger en quelque sorte à "vivre" et non à "vivoter" dans une atmosphère morose. Belle-Maman vous y invite elle-même, elle sait très bien que sa présence freine non seulement vos activités mais engendre un questionnement à tous niveaux. Ne te laisse pas prendre par l'inquiétude de l'avenir, ma chérie, par la crainte de diminuer et de devenir un fardeau pour tes enfants. Philippe non plus n'a aucune raison de s'inquiéter.Enfin dis-toi que tu es d'une famille où la vieillesse vient tard et se vit plutôt bien (ma soeur, ta marraine: 101 ans; ma cousine 101 ans), moi je ne sais pas encore, mais à près de 93 ans je me porte bien malgré les bobos inévitables, suivis d'une volonté de continuer la route. Plus lentement, avec des haltes, des repos, mais sans béquilles! Courage, ma chérie. Je sais que tu en as. Je t'embrasse.
Répondre
N
Je suis dans la même tranche d'âges que vous, avec les mêmes problèmes. On a l'impression d'être dans un miroir qui nous renvoie notre futur proche, ou lointain. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour se consoler on se dit qu'on encore pas mal d'années devant nous, avant d'en arriver là, mais on sait très bien que tout peut basculer demain <br /> <br /> <br /> <br /> Dans l'immédiat, on fait le maximum pour soulager, aider nos anciens. Il faut vivre l'instant présent.<br /> <br /> <br /> <br /> Meilleurs voeux et beaucoup de courage pour 2016
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