Panda d’avril
Comme chaque année à la même date, les journaux de ce matin et les JT de la mi-journée ont fait fleurir des poissons d’avril hautement fantaisistes au cœur de leurs très sérieuses voire dramatiques infos ordinaires. Et les réseaux sociaux ne sont pas en reste pour diffuser l’info ou en pondre de leur cru. Petite revue de presse.
Chez nous, la polémique des pandas en a inspiré plus d’un, avec plus ou moins de bonheur.
Pour la compréhension des lecteurs étrangers, rappelons préalablement que la Belgique – plus précisément la Wallonie, en l’occurrence le parc Pairi Daisa à Brugelette – accueille depuis quelques semaines deux pandas géants qui lui ont été confiés par la Chine en vue de préservation et de reproduction, au terme d’interminables délibérations dans lesquelles intervint notamment notre premier ministre Elio Di Rupo (PS). Au grand dam de la Flandre, qui briguait le même honneur pour son zoo « national » d’Anvers. Depuis, les polémiques n’ont cessé de se multiplier. Parce que, à la veille de la campagne électorale pour les législatives, le même premier ministre a accueilli ses hôtes prestigieux à l’aéroport et les a accompagnés jusqu’à leur nouveau domicile « au lieu de se préoccuper des vrais problèmes des Belges ». Parce que le président chinois et son épouse ont été officiellement accueillis en Belgique et se sont rendus à Pairi Daisa alors que les manifestations contre le régime chinois devant la Commission européenne avaient été interdites. Parce que… On a même vu le président du parti nationaliste NV-A, Bart De Wever, monter sur le podium déguisé en panda.
Bref, Hao Hao et Xin Ghui sont devenus chez nous des personnages tellement incontournables que les caricaturistes de tout poil en ont fait leurs mascottes préférées pour parler de tout, de rien, de politique comme d’économie, de société comme de l’arrivée précoce du printemps. Et les très sérieux rédacteurs ordinaires des quotidiens n’ont pas manqué de leur emboîter le pas.
Donc, les journaux du groupe l’Avenir, annoncent que, ravi de sa visite à Pairi Daisa où il a pu constater que ses protégés se sont admirablement acclimatés tant à leur nouvelle environnement qu’à leur monstrueuse ration quotidienne de bambous européens – en un mois, ils ont grossi de dix kilos – le président chinois a renoncé à l’accord préalable qui prévoyait le renvoi du couple en Chine dans quinze ans, contre promesse qu’à leur décès ils seraient empaillés pour être exposés au Musée d’Histoire naturelle de Tournai. Bof !
« La Capitale », elle, annonce que Pairi Daisa va prêter les deux pandas au zoo d’Anvers pour deux mois. Pas mal !
Mais la palme revient – une fois n’est pas coutume – à « La DH », qui révèle, à quelques jours de l’ouverture du parc au public, que les deux pandas sont en réalité… des femelles. Excellent !
Dans un registre très différent et nettement moins anodin, « La Libre » explique que l’ancien patron de la SNCB, dont on a appris récemment qu’il sera candidat N-VA aux prochaines élections, a tout mis en œuvre pour saboter le réseau wallon. Il a ainsi joué un rôle majeur dans les retards importants dont souffre la mise en place du réseau RER en Wallonie et à Bruxelles. Piquant ! Dangereux également, quand on sait de quel bois se chauffent ordinairement les partisans du parti séparatiste.
Alors, pour terminer, un petit tour par Facebook qui brocarde les quatre présidents des principaux partis francophones en campagne (MR, CdH, PS et Ecolo) et leurs programmes économiques. Excellent ! Si ce n’était triste à pleurer !