Petit coup de gueule féministe
L’autre jour, alors qu’on nous livre notre nouveau (super)-plumard en pleine tempête de neige ou presque, les ouvriers me demandent qui une raclette pour nettoyer la neige amoncelée sur le plateau du lift, qui un torchon pour essuyer les traces boueuses sur le parquet de la chambre. Ils sont soigneux, c’est certain ! Mais aussi , inconsciemment, terriblement machos, car, à Papyloup, ils réclament un coup de main, un cutter pour entailler le plastique d’emballage et ils lui confient les boulons du cadre de notre ancien lit. Or, Papiploup n’a, pour l’heure, pas la moindre force dans les bras (en tout cas le droit), il n’a jamais été bricoleur mais récure et torchonne volontiers et donc il sait beaucoup mieux que moi où trouver dans la buanderie seaux et serpillères. C’est d’ailleurs lui qui s’y collera pour ramener le matériel demandé.
Cela m’a rappelé l’époque où il nous arrivait, à l’un comme à l’autre, de voyager pour raisons professionnelles. Lorsque cela lui arrivait, la vie continuait durant son absence exactement comme lorsqu’il était là : j’assumais le boulot comme les enfants et personne, jamais, n’aurait pensé me demander si j’avais besoin d’aide. Par contre, lorsque cela m’arrivait, bien moins souvent qu’à lui, il était non seulement indispensable d’organiser l’accueil des enfants, chez les grands-parents, une amie, les parents d’un camarade de classe, en colonie ou camp poney, mais, en plus, sa maman comme ses collègues et copains prenaient soudainement l’esseulé en pitié et l’invitaient à souper à tour de rôle, alors qu’il eut peut-être aimé passé une soirée en solitaire.
Tout cela est d’autant moins grave que, je l’ai dit, Papiloup a toujours partagé volontiers les tâches sinon « éducatives » du moins ménagères. Mais c’est terriblement symbolique d’une société qui perpétue plus ou moins consciemment les rôles féminins et masculins traditionnels, alors même que la réalité ne correspond plus à ces clichés. Aujourd’hui, toutes les femmes travaillent (ou sont demandeuses d’emploi) et certaines pratiquent des boulots traditionnellement « masculins » comme la plomberie ou la conduite de poids lourd, beaucoup occupent avec compétence des postes à responsabilité qu’on ne leur eut pas confiés hier encore.
Alors, de grâce, messieurs, lorsque vous avez besoin d’une serpillère, ne la demandez pas préférentiellement à une femme. Et si vous souhaitez un tournevis, sachez que les femmes aussi savent le distinguer d’un marteau ! Le sexe (on dit le « genre » aujourd’hui) n’a strictement rien à voir avec ces capacités. Essayez, vous verrez !
Messieurs, prenez-en de la graine !