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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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8 octobre 2014

Langue de bois

P1070509

L’art de dire sans le dire vraiment, la litote, le travestissement de la pensée, sont des pratiques courantes en politique comme ailleurs. Les journaux s’en font quotidiennement l’écho, sans en souligner nécessairement l’hypocrisie, motivée par la volonté de renvoyer de soi une image lisse, plus sympathique, à un public qui n’est pourtant jamais totalement dupe. J’en veux pour preuves quelques exemples récents, qui me feraient sourire s’ils n’étaient hautement significatifs d’une langue de bois qui ne s’assume pas. En fait, non, ça m’énerve.

- Charles Michel, bientôt premier ministre,  au sortir de 29 heures de négociations avec les autres partis destinés à former la majorité « suédoise » : « On m’a proposé le poste, j’assumerai donc mes responsabilités ». Au lieu d’avouer franchement qu’à 38 ans, l’homme se croit de taille à relever tous les défis et meurt d’envie de le devenir, premier ministre, dans une Belgique en crises diverses. Pour marquer l’histoire ? Comment exactement ?

- Le patron d’une chaîne de grandes surfaces qui licencie une part importante du personnel : « L’enseigne n’a pas assez investi ces dernières années. Les magasins datent et le personnel aussi ». Autrement dit, les travailleurs sont trop vieux. A propos, deux projets du prochain gouvernement : d’une part relever l’âge de la retraite à 66 ans en 2020 et à 67 ans en 2030, de l’autre proposer aux chômeurs de longue durée de prester deux demi-journées par semaine de travaux d’intérêt général pour éviter la dégressivité de leurs allocations. Je peux comprendre. Quoique. Mais alors que les patrons ne licencient ou ne prépensionnent pas les travailleurs de 50 ou 55 ans au prétexte qu’ils sont obsolètes. A propos, quelle est la date de préremption d’un travailleur ?

- Julien Aubert, ce député de l’UMP qui a appelé la présidente de séance « Mme le Président » et l’Académie française qui semble lui donner raison car, dit-elle, le genre masculin a « une valeur collective et générique. Seul le genre masculin, non marqué, peut traduire la nature indifférenciée des titres, grades, dignités et fonctions ». J’ai déjà évoqué la position autrement plus nuancée de Michèle Lenoble-Pinson, linguiste et professeure des Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles. Elle estime, en effet, qu’il importe de distinguer la fonction de la personne. Ainsi, Angela Merkel est-elle chancelière fédérale d’Allemagne. Cependant, à la fin de son mandat, la population allemande élira un chancelier, fonction pouvant être occupée par un homme ou une femme. Annoncer qu’on élira une chancelière exclurait les candidats masculins, alors que l’inverse n’est pas vrai. Rappelons qu’avec six femmes sur quarante immortels, l’auguste assemblée - qui n’a accueilli la première d’entre elles, Marguerite Yourcenar, qu’en 1980 - reste très majoritairement masculine et que Hélène Carrère d’Encausse tient beaucoup à être appelée Mme le secrétaire perpétuel. Certaines femmes semblent en effet continuer à penser qu’un titre masculin est plus prestigieux qu’un titre féminin. Etrange sexisme se préoccupant peu de solidarité avec la majorité des autres femmes qui ne parviendront jamais à de si hautes fonctions et peinent à se faire reconnaître dans leur propre milieu professionnel. Les mots, en effet, ne sont jamais anodins. Cela dit, certaines règles en vigueur à l’Assemblée nationale française ne se calquent en rien sur celles de l’Académie puisque, pour sanction, le député se voit privé d’un quart de son indemnité. Il peut par contre continuer à appeler Ségolène Royal « Madame le ministre ». Il y a de quoi en perdre son latin. Dites, les élus de la Nation, ce ne serait pas plus simple de reconnaître une fois pour toute que la France est composée d’hommes… et de femmes ?

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Commentaires
Q
Le problème aussi de cette mise au travail des chômeurs, c'est, en quoi va consister ce travail ? <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai vécu une période de chômage difficile entre 1993 et 1996 (je travaillais pourtant, mais c'était du travail occasionnel). <br /> <br /> <br /> <br /> Penses-tu que si je m'étais pointée au Soir ou à la Libre, en disant, "bonjour, je suis journaliste dans l'âme, je veux bien vous pondre des articles gratos...", penses-tu qu'ils m'auraient engagée ? Je ne crois pas. Je trouve cette mesure également absurde car quand on veut faire du bénévolat, dans un secteur qu'on aime en général (ou qui nous convient), il faut vraiment montrer patte blanche et faire sa demande dans les règles, pour ne pas risquer la pénalisation (un ex-ami avait dû faire cette demande en bonne et due forme pour donner des cours d'aquarelle dans une asbl). <br /> <br /> <br /> <br /> Bref, je nous vois mal nous coltiner le balayage des rues, parce que souvent, c'est l'exemple type qui revient. Les rues sont sales. Les villes sont sales. Il faut des gens pour ramasser les saletés, pour s'occuper des vieux... Etc. Etc.
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Q
Mesurée, je veux dire surtout -nuancée- et bien que de gauche, (je ne m'en cache pas), j'aime quand même la nuance. Je n'ai pas envie de me radicaliser et pourtant, face à ce qui se passe, je ne puis rester de marbre.
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Q
J'aime bien lire ce que tu écris -notamment sur le nouveau (ffff) premier ministre, parce que j'avoue avoir parfois le moral un peu en berne quand je vois le déferlement de paroles haineuses (chez des personnes "comme nous" et qui -en plus- font un métier de l'humain) à l'encontre des chômeurs, tous profiteurs, des immigrés et des réfugiés "on ne peut accepter toute la misère du monde"... Là, il n'y a pas de langue de bois, enfin bref, je veux dire que je suis contente de lire cela chez une amie/blogueuse/relation/ appelons-le comme on voudra que j'ai toujours trouvée très mesurée. <br /> <br /> <br /> <br /> Au fait, pour les femmes à l'Académie fr. j'en suis restée à Hélène Carrère-d'Encausse et à Jacqueline de Romilly. Qui sont les autres? Il faudrait pouvoir en nommer à titre posthume. Je pense à Colette par exemple...
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