Philatéliste
Beau-Papa était professeur d’université. Il enseignait les maths à de futurs ingénieurs et économistes. Il était aussi féru de sciences et d’histoire, donc, tout naturellement, il truffait ses cours de références à l’histoire des mathématiques et de la physique qui passionnaient les plus matheux mais barbait allègrement tout qui n’avait pas la bosse des maths.
Méthodique, pointilleux comme seuls peuvent l’être les scientifiques, Beau-Papa avait une écriture fine, élégante et régulière, de laquelle il conçut tous ses cours. Les graphiques et autres figures mathématiques le passionnaient.
Il était aussi philatéliste. Un passe-temps exigeant autant de rigueur, de méticulosité et de précision que les sciences. Pendant quelques décennies, il rassembla patiemment plusieurs collections thématiques notamment consacrées à l’histoire de la Poste, à la Suisse et, bien sûr, aux mathématiques. Or, non content de collationner les timbres relatifs à sa passion, il compléta l’ensemble de textes explicatifs, eux-mêmes illustrés de dessins, gravures et photos. Un travail de bénédictin, d’une minutie impossible à prendre en défaut.
Nous avons hérité de l’album consacré aux mathématiques. C’est loin d’être le plus intéressant en monnaie sonnante et trébuchante, mais c’est à coup sûr celui qui le personnifie le mieux, donc le plus riche en valeur affective.
Même s’il resta toujours un peu pour moi « Monsieur, le Professeur », même si nos relations relevaient davantage de l’estime que de la compréhension mutuelle, je suis heureuse que les grands-parents que nous sommes soient aujourd’hui dépositaires de cet album original, unique et finalement assez intime en dépit du fait qu’il ressemble à un cours de maths. Mais, Dieu, quel cours !