Ce que les photos disent de nous : 3. Les mariages
Longues robes floues des années 30 ou bustiers coquins des années 2000, comme toutes les autres, les toilettes des mariées suivent la mode de leur époque. Mais pas seulement ! Le choix de la robe de mariée répond à des multiples impératifs où s'entremêlent allègrement une symbolique religieuse, l'influence de la tradition, de la classe sociale et des circonstances, la morphologie de la future épouse et, enfin seulement, son goût personnel. Ces quelques photos racontent des époques et des moments de l'histoire familiale très différents les uns des autres. Maman assiste à chacun d'eux et son statut aussi diffère d'une photo à l'autre.
1932 : Lorraine à 9 ans. Sa soeur épouse un beau cuisinier bordelais. Mariage sans apparat, en comité strictement familial. Non seulement la famille est modeste, mais tout le monde, sauf sans doute elle-même, sait que leur père, gravement malade, est condamné à court terme. Cela n'empêche pas de respecter les formes : jolie toilette sobre (pas de voile) de la mariée, bas blancs, robes de dentelles et souliers vernis des deux petites demoiselles d'honneur.
1937 : Au mariage de son cousin Paul, Lorraine (2e à gauche) est une nouvelle fois demoiselle d'honneur. Cette branche française de la famille maternelle a fait fortune et le mariage se déroule en grand apparat. Habit pour le marié, robe très colet monté, diadème et longue traîne pour sa jeune épouse, grand banquet et pas mal d'esbrouffe. Le petit garçon d'honneur aux pieds des mariés est mon cousin Jean, premier-né du couple précédent.
Septembre 1945 : à peine le fracas de la guerre s'est-il tu, Lorraine se marie. Pas de coiffeur, pas de nouvelle robe pour la circonstance : son tailleur a été taillé dans un costume de son frère (admirez le chapeau terriblement années 40 !). Pas de dîner. Mais on mangera les premiers éclairs au chocolat depuis cinq ans !
4 mai 1974 : Lorraine en mère de la mariée ! Parce que j'ai en horreur les robes meringues, très en vogue à l'époque, j'ai opté pour une robe empire et préféré la capeline au voile. Complètement atterré, mon vieux chat David, à qui je dis au revoir, ne semble pas me reconnaître.