Chronique familiale (2)
Au commencement, rien ! (en tout cas pas grand-chose)
Lorsque j’entame mes recherches généalogiques sur la famille de mon grand-père maternel Victor Servais ENGLEBERT, je dispose de peu d’éléments. Celui-ci étant décédé près de vingt ans avant ma naissance, les informations en ma possession sont toutes de deuxième voire de troisième main.
Je possède néanmoins le « livret de famille » établi lors de son mariage à Valenciennes (France) le 4 juillet 1904 avec ma grand-mère Marthe Marie Malvoisin. Je connais donc leurs dates de naissance et les noms de leurs parents. Son père est décédé, la mention “fils de feu Alphonse Théodore Joseph ENGLEBERT”[1] en fait foi. Mais quand, où, comment ? Je l'ignore. Sa mère, toujours en vie, s’appelle Marie Barbe Lambertine SACRÉ.
Mon grand-père et sa maman portent tous deux non seulement des noms de famille mais aussi des seconds prénoms typiquement liégeois : né en 300 et mort en 384, Saint Servais fut, en effet, évêque du diocèse de Tongres, qui deviendrait plus tard celui de Liège ; quant à Saint Lambert, est-il nécessaire de préciser qu’il contribua au VIIIe siècle à fonder la Ville qui deviendrait bientôt le siècle d'une Principauté restée longtemps indépendante ?
Victor appartient donc probablement à une famille profondément ancrée dans le terreau principautaire. Néanmoins, le carnet de famille précise qu’il est domicilé à Valenciennes. Je sais qu’à ce moment il exerce le métier de représentant de commerce. De quoi ? Pour qui ? Mystère ! Mais sa zone de prospection est le nord de la France. Plus bizarre, par contre, est la mention de Cambrai comme lieu de résidence de sa jeune épouse Marthe MALVOISIN, dont je sais pourtant avec certitude qu’au moment de son mariage elle habitait Valenciennes avec sa mère et ses quatre soeurs. Cette bizarrerie sera éclaircie beaucoup plus tard, car, par un fâcheux hasard, alors que les archives départementales du Nord-Pas de Calais sont en ligne depuis quelque temps, celles de l’année 1904 manquent à l’appel.
Le livret de famille, toujours lui, m’apprend aussi les lieux et dates précises de naissance de ma tante et de mes deux oncles au début du vingtième siècle. Ceux de maman, je les connais.
Le reste est récit familial, transmis de bouche à oreille, de mère en (petites)-filles, donc sujet à caution. La mise en ligne, fin 2012, par les Archives de l'Etat belge, d’index à dix ans et de registres numérisés par les mormons devraient, je l’espère, permettre d’y déceler la part de vérité et celle de la légende.
Pour remonter le fil des générations, il me faut donc, d’abord, les prénoms de mes arrière-arrière-grands-parents et, pour cela, l’acte de naissance de mon arrière-grand-père Joseph ENGLEBERT. Or, la chance ne me sourit pas. Si j’ai déniché sur Internet, voici pas mal de temps déjà, mention du lieu et de l’année de sa naissance (Ans[2], 1841) dans un ouvrage consacré à la Légion belge au Mexique entre 1864 et 1867 - campagne à laquelle je sais qu’il a participé - les archives de Ans ne sont pas accessibles en ligne. En tout cas, pas celles de l’année 1841. Il me faudra donc me rendre moi-même aux centre provincial des Archives de l’État à Liège.
Ce que je fais, fin mars 2013. A partir de là, les découvertes vont s’enchaîner. Car, cette fois, j’ai de la chance : durant trois siècle au moins la plupart de mes ancêtres sont nés, ont vécu et sont morts dans cette "Cité Ardente", dont la presque totalité des archives, du début du XVIIe au début du XXe siècle, sont accessibles en ligne.