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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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23 mars 2014

Ce que les photos disent de nous : 2. Le groupe familial

« Voyez la belle famille que nous formons ! » Aujourd’hui comme hier, tel est en substance le message des photos de couples ou réunissant frères et soeurs, parents et enfants, deux voire trois générations. Figer l'instant du bonheur, de la plénitude, pour s'en souvenir quand le temps aura passé, quand les enfants auront grandi, quand les parents seront morts. Naguère, on revêtait ses plus beaux habits et on allait chez le photographe, à moins qu’on le convie à la fête dont il importait de garder trace. Cela donnait des photos solennelles, exprimant davantage la respectabilité, l’ennui et la maîtrise de soi que le bonheur censé reflété par ces clichés jaunis. Désormais, les photos de famille ont gagné en naturel et le (sou)rire obligatoire domine, mais l’objectif reste identique : témoigner de la cohésion du groupe pour les générations futures.

Il y a quelque chose de profondément émouvant dans ces tentatives illusoires de mettre en scène l’insouciance comme pour contrer le mauvais sort, l’empêcher de s’acharner sur les membres du clan. En particulier quand, le recul aidant, nous savons le destin, heureux ou dramatique, de chacun de ceux qui s’empêchait de sourire.

Les photos de famille sont des trésors précieux, parce qu’elles disent plus qu’elles ne le pensent la vanité des choses, la fugacité de la jeunesse et de la beauté, la fragilité du bonheur et l’ignorance de l’avenir qui nous attend.

arrière grand père Vanhecke et sa troisième épouse

Aux alentours de 1900, mon arrière-grand-père paternel et sa troisième épouse, le maître assis, elle debout : une image convenue du bonheur tranquille.

Blomme - chapeau 2

Vers 1900, ma grand-mère paternelle (débout a gauche) et trois de ses six soeurs : tous les espoirs sont permis pour ces beautés de la Belle Epoque. L'une d'entre elle mourra dans un asile.

P1080242_2_2_2_2_2_2_2_2_2

Vers 1920 : leur frère aîné, Alphonse, sa femme et ses sept enfants. Les deux garçons et deux des filles deviendront instituteurs. Personne ne sait alors que toutes les filles resteront célibataires et habiteront ensemble jusqu'à leur mort dans un petit village de Flandre Occidentale, façon "Ces dames aux chapeaux verts" (remarquez l'horrible drap taché de l'arrière-plan et l'air impérial de l'âiné des garçons devant ses soeurs !).

P1080732

1923 : mes grands-parents paternels et leurs trois fils (mon père est le petit, debout à l'arrière) : majestueux, le pater familias semble particulièrement fier de sa famille.

P1080733

Au milieu des années 30, veuve, c'est ma grand-mère qui trône désormais parmi ses fils

P1080720

Angleterre, années 40, pendant la guerre : un cousin de mon père (le fils d'une des soeurs de la deuxième photo) et sa première épouse : une conception romantique du couple. La photo se fait moins figée, plus décontractée, mais pas pour autant plus naturelle.

P1080762

1948 : les trois frères et leurs épouses. Désormais on ne va plus chez le photographe. On fait ses photos soi-même et le sourire devient de mise. L'aîné de mes cousins ne semble pas l'avoir compris. 

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Commentaires
N
*avoir reconnu, évidemment sans e
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A
Bonjour Marianne,<br /> <br /> <br /> <br /> Très instructif et passionnant ce billet ! Ah, les photos de famille ! Elles sont précieuses, parce qu'elle inscrivent les êtres dans le souvenir d'une époque (qu'on a ou non vécue), et je m'y replonge (parfois, quand je suis chez mes parents) toujours avec bonheur ! C'est vrai, plus on remonte dans le temps, moins elles sont naturelles, et c'est souvent chez le photographe attitré ou habituel qu'elles ont été commises. Mais elles en disent long sur l'histoire familiale (surtout si quelqu'un est encore là pour les commenter). Au fil du temps, elles se décontractent, se libèrent, se démocratisent et aussi (tu l'as souligné) entre dans un cadre plus personnalisé, plus intimiste... <br /> <br /> <br /> <br /> Si j'ai bien suivi l'affaire, tes parents sont donc sur la dernière photo ? Il me semble avoir reconnue Lorraine à droite... ;)
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C
J'aime beaucoup les photos, et plus elles sont anciennes plus je les trouve pleines de mystère et de charme. Je comprends ton sentiment sur les photos "abandonnées"... cela me choque aussi. J'aime par contre visiter le blog de "visages oubliés" où Michel présente des photos trouvées sur des brocantes et les fait revivre modestement mais sincèrement. Je te joins le lien http://www.visages-oublies.net/article-deux-petites-copines-ou-deux-soeurs-120993619.html. Belle soirée à toi. Bisous
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C
J'aime vraiment beaucoup cette analyse des photos de famille. Dans les brocantes, on en voit beaucoup, car les familles les dispersent souvent, ces précieuses photos, et cela porte toujours à un mélange bizarre de méditation pessimiste et d'instinctive sympathie.
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L
Ce passé qui déferle me fait toujours sourire tout en sentant monter les larmes. Mon grand-père et sa troisième épouse (je n'ai connu ni l'un ni l'autre), ma belle-famille, et finalement tes parents , oncles et tantes en notre jeunesse! Tu n'étais pas encore née, j'avais une coiffure d'époque et ton père le sourire des années cinquante où l'on commençait à revivre vraiment après avoir pansé les blessures de guerre de tous genres. Tu pourrais aussi montrer l'évolution des familles dans les toilettes de mariées; toutes trahissent immanquablement le statut social et l'évolution de la mode.<br /> <br /> Bises,
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