J’aime les entendre rire ensemble
Je me demande souvent comment Papiloup moi avons pu engendrer deux être aussi dissemblables. Dissemblables entre eux, mais aussi tellement différents de nous !
Alors, bien sûr, on me rétorquera que l’un est un gars, l’autre une fille. Le « choix du roi » pour lequel on m’a si souvent félicitée. Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi, vu que justement ce n’est pas un choix ! Un souhait, à la rigueur ! Quoique ! Du temps où j’attendais l’aîné, je me moquais éperdument qu’il soit louveteau ou louvette, l’essentiel étant qu’il soit sain et vigoureux. Pour la seconde, par contre, j’avoue que j’aurais été un peu déçue de voir se repointer un zizi. Donc, comblée, je fus. La preuve : pour Grand Loup j’avais ri, pour Louve Chérie, j’ai pleuré… de joie.
Différents, donc, ils le sont dès l’origine. Il dévore la vie à pleines dents, marche à dix mois, parle tôt, fort bien et use de ce talent pour tenter de dominer et sa sœur et ses parents et le monde. Elle a la force tranquille de celles qui se savent de taille à résister. Ni fifiille ni garçon manqué, elle développe son originalité au contact des animaux et de la nature qu’elle trouve dans les mouvements de jeunesse, la fréquentation d’un poney-club et celle d'un club canin. Avec ces deux-là, longtemps, la vie ne fut pas nécessairement un long fleuve tranquille.
Donc, les voilà, le gars, la fille, lui ayant développé son côté intellectuel, urbain et plutôt branché (bobo, quoi !), elle profondément sociale, toujours passionnée d’animaux et récemment rurale. Le jour et la nuit, l’eau et le feu, s’étant choisi des compagnons qui leur ressemblent.
Bien sûr, les cent trente kilomètres qui séparent désormais leurs domiciles respectifs ne facilitent pas les contacts très fréquents. Alors, judicieusement située à mi-chemin de l’un comme de l’autre, la maison familiale, si joyeusement quittée voici quelques années, retrouve soudain les faveurs des deux enfants prodigues.
C’était le cas, hier encore, dans la lumière légère d’un jour d’été finissant. Ils sont venus, de Bruxelles ou de la campagne rochefortoise, ils se sont retrouvés autour d’un morceau de tarte, de l’enfant et des chiens au jardin, d’une séance d’agility au club voisin et je les ai entendu parler, plaisanter et rire comme chaque fois qu’ils se retrouvent tous ensemble, le frère, la sœur, leurs compagnons et Petit Loup. Certains ont le rire tonitruant, d’autres plus discret, celui de Granny jaillit clair et vif, Papiloup sourit souvent, mais la joie partagée est la même. Mieux, tous savent rire d’eux-mêmes, se brocarder mutuellement sans craindre de vexer, aucun n’est vraiment susceptible ou si peu. Alors, bien que leur vie, leurs intérêts, leurs métiers, leurs attentes diffèrent fondamentalement, ils se retrouvent et se comprennent, s’acceptent si différents les uns des autres, malgré tout proches et solidaires. Et moi, j’aime les entendre rire ensemble.
Comme un cabri : Athéna
Vitesse et puissance : Thaly
Doué mais encore jeune et distrait : Ben
Le petit Ben doit encore être éduqué : Petit Loup s'en charge