La solitude du patient de fond
Ma blogamie Coumarine, que je connais par ailleurs un peu-beaucoup dans la vraie vie pour avoir fréquenté certains de ses ateliers d’écriture, exprime très bien ici l’espèce de réconfort qu’elle a pu ressentir dans ces lieux anonymes que sont les salles d’attente des hôpitaux.
Pour les fréquenter moi-même assidument depuis quelques années comme accompagnante des uns ou des autres, je n’y ai jamais éprouvé personnellement que des attentes aussi interminables que déshumanisantes. Je n’y ai rencontré que des infirmier(e)s généralement aimables mais débordé(e)s, des médecins efficaces mais pressés, des patients ô combien bien nommés, des « souffrants » recroquevillés dans leur angoisse, leur douleur.
Jamais je ne me suis jamais sentie aussi seule que dans cette foule anonyme de cancéreux résignés, de vieux claudiquant, de gosses terrorisés !
C’est que la machine « hôpital » s’y connaît en déshumanisation.
Guichet d’accueil, numéro national, de sécurité sociale, carte SIS, vignettes mutuelles, codes de prestations… la paperasserie règne en maître. Etages, services, couloirs, salles d’attente… les chiffres, les logos et les flèches prennent le pouvoir.
C’est efficace. Aseptisé. Froid.
Oh, bien sûr, on a mis un peu de couleurs par-ci, quelques œuvres d’art par là. La nouvelle aile se veut accueillante, mais les sièges de bois au design étudié ( ?) manquent farouchement de confort pour tous les corps meurtris qui y patientent de longs, très longs moments. L’architecte qui a imaginé ce bel ensemble boisé n’a sûrement jamais eu ni la hanche ni l’humérus fracturé pour avoir imaginé banquettes si peu ergonomiques pour le service… orthopédie.
Enfin, la salle d’examens. Le médecin est crevé. Il a opéré la veille jusque tard dans la nuit (la faute à la neige et aux trottoirs glissants !). Radio, protocole, prescription… la science prend le relais des chiffres et des logos. Au vol, on a chopé quelques mots, une ou deux infos. On n’a pas tout compris. Tant pis ! Le prochain rendez-vous est fixé. Derrière nous, la file des éclopés s’impatiente.
Attention : je n’accuse personne ! Le personnel médical et infirmier fait ce qu’il peut, avec les moyens (hautement technologiques) qui sont les siens. Notre médecine et notre système de protection sociale sont parmi les plus performants au monde. Nous n’avons vraiment pas à nous plaindre. Et nous ne le faisons pas. Je constate simplement que l’hôpital n’est finalement qu’une entreprise, une usine comme une autre, dominée par des notions d’efficacité et de rentabilité, où l’on n’est jamais qu’un numéro, un cas plus ou moins intéressant.
Pas vraiment une personne !
Comment le rendre fou, cet été ? La "littérature" mise à la disposition du patient n'est pas vraiment d'actualité.
Ni de circonstance !