Mon premier Bond… James Bond
Le croirez-vous ? Alors que, depuis « La rose et la flèche » (1976), je suis une fan absolue de Sean Connery dans son âge (très) mûr, je n’avais jusqu’à ce jour jamais regardé un seul film de James Bond. Sa période grand costaud fat et gominé m’indifférait totalement et aucun de ses successeurs ne m’avait convaincue de revoir ma position. Pour ce que j’en avais vu par hasard à la télévision entre deux programmes, chaque épisode recelait décidément trop de courses poursuites, d’explosions, d’invraisemblances, de bombes (aux deux sens du terme), de gadgets… Je connaissais néanmoins le gimmick, je savais l’omniprésence de l’Aston Martin, l’existence de Q mais pas celle de M.
Or, l’autre jour, le papa de Petit Loup, pas franchement fan non plus mais plus connaisseur, me conseille de quand même jeter un œil sur le vingt-troisième volet de la série, « Skyfall » programmé hier sur FR2, avec Daniel Craig. Voilà bien un James Bond qui, a priori, ne me fait ni plus chaud ni plus froid qu’un autre mais comme j’ai ordinairement confiance dans les jugements cinématographiques de mon fils, je m’y colle. Imaginez : mon premier Bond ! A soixante ans et des poussières.
Et là, eh bien, le charme agit. Des courses poursuites, bien sûr, mais point trop et quand même un moment de bravoure sur les toits du grand bazar d’Istanbul. Pas de gadget ou à peine : juste une radio miniaturisée, mais les hautes performances technologiques désormais banales de l’informatique. Peu de bombe : la James Bond girl n’a droit qu’à une scène de séduction et se fait trucider dès la première moitié du film. Mais surtout, un héros vieillissant, terriblement humain, doutant, chutant, se relevant, face à un méchant, avide de vengeance parce qu’il est lui aussi d’abord la victime d’un système de renseignement cynique qui n’hésite pas à envoyer ses agents à la mort (ou à la torture) pour protéger l’empire de Sa Très Gracieuse Majesté.
Alors, bien sûr, ça flingue et ça explose dans tous les sens, mais on vibre pour le héros qui, malgré ses failles et ses propres griefs, tente de protéger son chef avec l’aide d’un jeune geek très crédible aux antipodes de Q. J’ai aimé que ce chef soit une femme âgée et qu’une autre, plus jeune, semble résister au charme du héros tout en lui prêtant fidèlement main forte. J’ai aussi aimé que ce voyage ramène 007 sur la lande écossaise de son enfance pour des retrouvailles avec son passé. J’ai apprécié l’autodérision générale. Bref, j’ai passé un bon moment.
Mais il n'est aucunement certain que je regarderai un jour un second Bond… James de son prénom.