Un trésor à préserver
Ils sont larges et puissants, surmontés d’un humain en ciré jaune avec lequel ils semblent faire corps. Ils fendent, paisibles, les flots de la Mer du Nord du pas de ceux qui ne craignent ni le flux ni le reflux, tirant derrière eux d’immenses filets dans lesquels ils ramènent invariablement des brassées de crevettes grises !
Or, voilà que mercredi dernier, lors de sa réunion annuelle à Bakou (Azerbaïdjan), l'Unesco a mis la pêche de crevettes à cheval pratiquée à Oostduinkerke (Flandre occidentale) sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité (PCI) parce que, dit-il, en couronnant les traditions locales qui lient les gens, les animaux et la nature, il veut mettre l'accent sur le respect du développement durable et la créativité humaine.
Les enfants de Belgique, leurs parents et grands-parents, n’avaient pas attendu cette reconnaissance pour savoir que les célèbres et massives silhouettes des mastodontes pêchant en mer sont des trésors à préserver, parce qu’ils auront toujours pour nous ce goût un peu salé des vacances à la Côte, des embruns et du vent, du ciel si bas, si gris du plat pays de Jacques Brel, et que les crevettes grises sont un délice à la hauteur desquels aucune crevette rose, scampi ou gamba, n’arrivera jamais !
(Les photos sont de Louve Chérie)