Il n’y a pas de journée parfaite !
Ce devait être une belle après-midi. Et ça l’a été malgré l’inattendue douche froide qui a surpris Louve Chérie voici quelque jours. Soleil printanier, anniversaires en pagaille et premier barbecue familial de l’année : que demander de plus sinon du boulot pour ceux qui n’en ont plus ? Alors, on se dit qu’on va se serrer les coudes, qu’il en trouvera un job à son goût, qu’elle va en retrouver une maison de repos où ses qualités humaines seront appréciées autant que ses compétences administratives et on s’amuse des facéties de Ben, le petit jack russel venu compléter la ménagerie la semaine dernière. Et quand tous repartent, nous sommes bien sûr un peu fatigués mais tellement heureux de cette journée de convivialité qui a une fois de plus resserrés les liens qui nous unissent.
Sauf que… sauf qu’en rentrant chez elle, où Grand Loup la dépose avant de poursuivre sa route, Lorraine n’arrive pas à ouvrir sa porte. Sa clé tourne fou dans la serrure. Désemparée, elle va frapper chez des voisins qu’elle sait accueillants. Le monsieur est bricoleur. Il vient jeter un coup d’œil et comprend aussitôt : la serrure a été forcée.
Les policiers seront vite là. Ils arriveront à ouvrir la porte, appelleront un serrurier qui remplacera la serrure. Dans l’appartement, heureusement, pas de saccage spectaculaire mais le prélèvement minutieux d’un bracelet en or, de quelques bijoux fantaisie et des billets de la cagnotte du jeu de cartes hebdomadaire.
C’est moche ! Pas dramatique mais secouant. Les cambrioleurs ne feront pas fortune avec leur butin, mais le bracelet avait une valeur sentimentale certaine. On se console en songeant que, quelques jours avant le vol, Maman m’avait confié deux bagues et une montre qui ont donc échappé à la rafle et sont elles aussi porteuses de bien des souvenirs. On grimace à l’idée qu’à trois semaines près, les intrus auraient trouvé un appartement vide. On rit à l’idée de leur déconfiture devant les boucles d’oreille de pacotille et on se dit qu’on a désormais des idées de cadeaux pour les mois à venir afin de reconstituer le stock.
Juste avant le coup de fil de Maman pour nous annoncer le cambriolage, j’en avais reçu un autre : l’épouse d’un vieux collègue de 95 ans avec qui nous étions restés en contact depuis sa retraite nous annonçait son décès. Il n’a pas souffert, était resté lucide jusqu’au bout et s’est éteint dans son sommeil. C’est une consolation, pour elle, pour ses enfants, pour nous.
Alors, que retiendrons-nous de cette journée ? Des rires, c’est certain. De la solidarité. De l’espoir, des projets un peu fous, un peu moins, qui se réaliseront ou pas. Le plaisir de voir la joie de notre Petit-Loup lorsqu’il joue avec la grande Athena et le petit Ben, leur lance la balle et qu’ils la rapportent. De l’angoisse, bien sûr, mais du soulagement. Et de la tristesse.
Pourquoi diable ne peut-il jamais y avoir de journée parfaite ?