La controverse du sapin
Avant celle de Zwarte Piet, il y a eu la controverse du sapin de Noël de la Grand-Place de Bruxelles.Cette année, pour la première fois, plutôt que le traditionnel sapin géant, c’est une structure métallique lumineuse qui a été dressée au centre de la plus belle place du monde.
Sitôt connue, la nouvelle a suscité sur les réseaux sociaux une déferlante de réactions islamophobes accusant les édiles communales d’avoir cédé à la peur de froisser une population musulmane toujours plus importante. Une pétition a même été lancée, qui n’a pas tardé à rassembler les signatures et commentaires de personnes ressentant le changement comme une atteinte aux traditions chrétiennes.
Ridicule ! Nulle motivation religieuse dans ce choix !
Pour preuve : la bien plus encore traditionnelle crèche accueillera comme chaque année l’enfant Jésus et ses parents, l’âne, le bœuf et même quelques moutons.
En outre, le sapin est aujourd’hui présent dans la plupart des maisons, chrétiennes ou non, notamment pour accueillir à son pied les cadeaux du très peu religieux Père Noël.
Enfin, la tradition pré-existait à l’ère chrétienne puisque dès, avant JC, nos ancêtres celtes qui associaient chaque mois de leur calendrier lunaire à un arbre, avaient choisi l’épicéa pour décembre. Aussi, le 24, jour du solstice d’hiver, considéré comme celui de la renaissance du soleil et de la lumière, décoraient-ils un sapin, symbole de vie, avec des fruits, des fleurs et du blé. La fixation de la fête de la Nativité au 25 décembre allait même tuer cette tradition païenne durant de longs siècles, avant qu’elle ne ressurgisse ici et là, essentiellement en Allemagne, avant d’essaimer dans toute l’Europe et les pays qui célèbrent Noël.
Bref, il était d’autant plus inutile d’en faire tout un plat que la structure métallique de la Grand-Place à la forme… d’un sapin.
Alors, bien sûr, les nostalgiques du bon vieux conifère fleurant bon le Grand Nord sont déçus. Question de goût ! On peut, bien sûr, ne pas apprécier les lignes froides de cette structure électronique de 24 m de haut, réalisée par des artistes alsaciens et sur laquelle les badauds pourront grimper. On peut réfuter le choix esthétique de la Ville qui a voulu « montrer la modernité de Bruxelles qui se démarque des autres grandes capitales ».
Mais le véritable scandale n’est-il pas surtout que, en temps de crise, cette « œuvre d’art » a coûté la petite fortune de 40.000 € alors qu’un sapin traditionnel, même venu de Finlande ou de Norvège, en coûte généralement 5.000 ? Et ce ne sont pas les écots des visiteurs de la structure (4 € par personne reversés au Samu social) qui changeront grand-chose à l’affaire. Car peut-on imaginer que 10.000 personnes escaladeront le « sapin lumineux » d’ici le début janvier, juste pour avoir une vue inédite sur la Grand-Place ? J’ai comme un doute !