Les moules de chez nous
Vous aimez ça, vous ? C’est rond, c’est chaud, c’est sucré-salé, avalé à la va-vite et servi dans des emballages carton. C’est le hamburger.
Né à Hambourg, comme son nom l’indique, mais devenu quasi-universel par la grâce d’une multinationale américaine, le hamburger se décline aujourd’hui à toutes les sauces : traditionnelle, chinoise, au poivre, au fromage, j’en passe et de meilleures.
Mais, dites-moi, vous aimez vraiment ça, vous, manger la même viande hachée, coincée dans le même petit pain, badigeonnée du même ketchup, couvert des mêmes feuilles de salade, que vous soyez à Paris, New York, Tokyo ou Florence ?
Bien sûr, ce n’est pas cher. Quoique ! Bien sûr, c’est rapide et la qualité des produits est certifiée. Quoique, la viande de cheval dans la bolognaise Findus, n’incite pas vraiment à faire confiance aux fabricants !
Surtout, les diététiciens le dénoncent : la teneur en sel, graisses et sucres du hamburger accompagné de frites, de limonades ou de milk shake, sont à ce point importantes qu’elles favorisent les maladies cardio-vasculaires, les caries dentaires, l’obésité et le diabète. Alors, OK, depuis quelques années, des crudités ont été ajoutées au produit original et, aujourd’hui, l’eau comme les jus de fruits sont privilégiés dans les menus. Bel effort !
Pourtant, je n’aime toujours pas le hamburger.
Je ne l’ai jamais aimé, tout seul, tout nu, acheté chez le boucher et cuisiné maison. Alors ce ne sont pas sa fabrication et sa distribution ripolinées, millimétrées, robotisées, qui m’encourageront à franchir la porte de ces temples où se célèbre le culte du fast food standardisé.
Car je veux encore avoir le droit de préférer la saveur d’une côte à l’os, sans dédaigner les moules de chez nous et les chicons au gratin, le waterzooi gantois et la salade liégeoise. Je veux pouvoir encore opter pour le coq au vin ou la bouillabaise, la salade niçoise, la tartiflette et tant de fromages qui font le charme de la France. Je veux savourer les pâtes d’Italie, et le féta de Grèce, dévorer à belles dents les brochettes bulgares et laper les potages thaï d’une langue gourmande.
Je veux surtout pouvoir encore les faire découvrir à mes (petits)-enfants et refuser pour eux la standardisation du goût, forme subtile d’appauvrissement culturel.
Le goût s’éduque en famille, autour de la table familiale, pas dans un quelconque fast-food, quoi qu’en pensent les parents pressés.
Multicolores, multiformes, les pâtes d'Italie