Escapade : 6. Landrecies, au coeur de l'Avesnois
Landrecies, bien sûr ! Parce que Maman y passa ses plus belles vacances d'enfant et d'adolescente chez sa tante Jeanne, avec ses cousins Paul et Maria. Parce que j'y ai fait mes premiers pas la semaine de mon premier anniversaire, il y a donc tout juste soixante ans et des poussières.
Landrecies n'est qu'une petite ville de quatre mille habitants qui paraissait bien morne à la jeune citadine que j'étais. Sauf que ma grand-tante Jeanne habitait une villa à l'extérieur de la ville et que mes souvenirs sont peuplés d'un grand boxer turbulent et adorable, de chatons tout justes nés, de canetons descendant l'allée vers la grille d'entrée du même pas décidé mais faisant demi-tour comme un seul canard sur l'injonction de mon père, de ballots de foin dans lesquels se rouler, de soleil et de pêches comme je n'en ai plus jamais goûté depuis. Les souvenirs de Maman sont plus lumineux encore car ils avaient pour cadre une villa plus grande, plus fastueuse, au coeur d'une vaste propriété qui lui a sans doute insufflé cette nostalgie de la nature lui ayant permis de s'adapter sans difficulté à une vie campagnarde après nonante années passées en ville.
Bien que je n'ai pas d'ancêtres nés ici, seulement des (petits-) cousins, Landrecies méritait donc bien une halte.
Le grand homme de Landrecies est François Joseph Dupleix, gouverneur des Indes françaises, qui y est né en 1697. Sa statue s'élève devant l'Hôtel de Ville depuis 1888. L'Hôtel de Ville lui-même n'a pris l'apparence qu'on lui connaît aujourd'hui qu'en 1921, suite aux nombreuses destructions dont il fut l'objet au cours des guerres, en particulier celle de 14-18. Le socle de la statue comporte deux bas reliefs en bronze doré représentant, l'un, Dupleix recevant les hommages des chefs de l'Hindoustan, l'autre, les époux Dupleix soignant les blessés lors du siège de Pondichéry en 1748.
La décoration Art Nouveau de cette maison de la Place André Bonnaire lui donne un petit air désuet qu'attristent les volets baissés. Avec une telle enseigne, on s'attendrait à y trouver une jolie boutique de mode, mais ce matin-là, la mode, ce sont d'abord les tee-shirt et les robes "made in China" des étals du marché. Dommage !
L'église Saints Pierre et Paul
Au coeur de l'Avesnois et de ses paysages bocagers typiques, Landrecies appartient à la Communauté de communes du Pays de Mormal et de Maroilles.
Sur la route de Landrecies à Maroilles, les frondaisons de la forêt de Mormal dominent les prairies et les champs.
Le moulin est le seul vestige de l'abbaye de Maroilles avec la grange dîmière, mais tout le village, qui produit un célèbre fromage... odorant, a su conserver un charme authentique.