Je pustule…
(Femme à l'ombrelle tournée vers la gauche, Claude Monet - Musée d'Orsay)
Comme chaque année, dès les premières grosses chaleurs, mes avant-bras se couvrent de petits boutons rouges surmontés de minuscules cloques. Pire : à heures plus ou moins fixes, cette ribambelle disgracieuse se met à chatouiller – gratouiller ? – me contraignant à un grattage totalement inesthétique et surtout parfaitement inefficace. « Lucite estivale bénigne », diagnostique le dermatologue.
Bénigne ? Il est clair que ce (beau) toubib à la (belle) peau de Levantin n’a jamais eu à subir l’inflammation de tous ses pores à la moindre exposition d’un soleil à l’air totalement inoffensif parce que traîtreusement drapé dans ses voiles de nuages. On voit bien, surtout, qu’il n’est pas une femme. S’il "pustulait", ses myriades de petits boutons rouges se dissimuleraient sous les poils noirs de ses avant-bras musclés et je ne doute pas que sa force de caractère l’empêcherait de se gratter. Et d’ailleurs, la virilité s’accommode volontiers de petits défauts physiques qui deviennent vite rébarbatifs chez une femme. En matière de beauté, l’égalité n’existe pas. Elle n’existera jamais.
Et puis, surtout, il n’y a pas de traitement. Il faut endurer. « La lucite estivale bénigne disparaît d’elle-même dans les dix à quinze jours », annonce-t-il, philosophe. Chez moi, elle dure trois semaines. Et elle récidive, dès que, passant de l’ombre à l’ombre, je traverse une zone ensoleillée. C’est trop injuste ! Je ne me suis jamais exposée. Les bains de soleil ? Connais pas ! Dix minutes maxi au jardin et ce n’est pas tant le coup de soleil qui me guette que la lucite. Sale bête ! A quand le retour de la jolie mode des ombrelles ?