Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'une mamy-boomer
Journal d'une mamy-boomer
Publicité
Journal d'une mamy-boomer
  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Archives
7 avril 2014

Souvenirs de guerre

10009797_10203476074881931_154639809_n

 Je pensais le lui demander, mais elle m’a devancée. Ma cousine D. m’a envoyé ce matin quelques photos de l’un des vases-obus que j’ai si souvent vus sur la cheminée de notre grand-mère, sans songer à l’époque à lui demander des précisions sur ces objets tellement familiers et pourtant tellement intrigants.

Je (re)découvre donc celui-ci, gravé du nom de notre grand-père Victor, mais aussi des deux dates « 1914-1916 » et d’une mention « Souvenir de guerre ». Ce qui prouve que celui-ci du moins n’est pas parvenu à notre grand-père après le conflit, en mémoire de son frère Rodolphe tué au combat, comme je le pensais initialement, mais bien que c’est le capitaine de cavalerie lui-même qui l’a gravé ou fait graver à son intention après deux ans de tranchées. Si mes souvenirs sont bons, l’autre ne portait aucune mention, seulement des décors à arabesques. Ont-ils été offerts en même temps ou à deux époques différentes ? Le mystère reste entier et il n’est pas certain que la localisation du second vase nous permettrait d’en savoir davantage.

Quoi qu’il en soit, l’objet me touche. Et pas seulement parce qu’il symbolise le lien fraternel entre deux hommes dans la force de l’âge. Parce que, surtout, il a été créé avec ingéniosité et talent, dans un dénuement notoire, par un soldat empêtré dans une guerre dont il avait eu le temps de mesurer toute l’absurdité et l’horreur, à un moment où la certitude première de la voir se terminer rapidement s'était définitivement fait la malle. Chaque martelage, chaque coup de ciseau, qui mue l’objet de mort en objet décoratif, s’en vient alors affirmer, au cœur du carnage banalisé, que l’espoir fleurit toujours, que la beauté continue d’exister, que l’art est capable de sublimer le quotidien.

Cent ans plus tard, le vase de ma grand-mère brille toujours des mille feux de l’espérance d’un monde en paix. En vain.

 

10172737_10203476072801879_2109465164_n

10007443_10203476076961983_1946650278_n

10177458_10203476079602049_1794878620_n

1978729_10203476067721752_559651340_n

 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Il est joliment travaillé et c'est vrai qu'on trouve des obus dans pratiquement toutes les familles.Je ne sais pas s'ils passeront encore le cap de beaucoup de générations car nulle part on en voit sur les catalogues et comme les consommateurs sont de plus en plus formatés... enfin nous verrons. Les obus sur la cheminée, j'ai vu cela chez mon oncle et ma tante quand j'étais petite et cela m'impressionnait beaucoup. Aujourd'hui j'en ai un qui vient de chez mon compagnon mais j'ai mis des fleurs dedans pour faire plus gai et il n'est pas vraiment astiqué. En revanche, il n'est pas ciselé comme celui-ci mais tout ratatiné d'un côté, ce qui fait deviner la force du choc ou de la chute. Mais j'avoue qu'il ne m'évoque que de très loin la guerre que j'ai laissée au siècle dernier... Bisous Mamylouve à la semaine prochaine, je pars quelques jours voir ma maman.
Répondre
L
Le voici donc ce vase dont mes doigts autant que ma mémoire ont gardé le souvenir! Je l'ai astiqué au Ca-Va-Seul des années durant, maman me confiant cette tâche à la fois pour faire briller le cuivre et pour m'enseigner l'entretien ménager! Après son décès, je me demandais ce qu'il était devenu. Tant d'objets changent de mains, vont chez un parent, ou se perdent. Je suis heureuse de revoir celui-là que je revois immuablement à sa place , jumelé à l'obus frère, chacun d'un côté de la cheminée.<br /> <br /> Lorraine
Répondre
Publicité