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Journal d'une mamy-boomer
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30 octobre 2013

Faut-il brûler Zwarte Piet (2) ?

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J’en parlais déjà ici, il y a tout juste un an, dans les tout premiers temps de ce blog. La polémique n’en était alors chez nous qu’à ses balbutiements, mais agitait nos voisins hollandais depuis plusieurs années déjà. Or voilà que l’ONU vient de s’en mêler, lui offrant du même coup une publicité internationale voire planétaire : faut-il brûler Zwarte Piet (« Pierre le Noir », entendez « le Père fouettard ») ? Et sa réponse est non seulement « Oui », mais elle suggère dans la foulée de brûler Saint-Nicolas. La présidente du comité du Haut-Commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme chargée de l'enquête sur le racisme de la figure du Père Fouettard a, en effet, suggéré à la radio néerlandaise de ne garder que la fête de Noël. « Qu'il y a t-il de mauvais à avoir un seul Père Noël ? Pourquoi devez-vous en avoir deux ? », a-t-elle ajouté.

La remarque est d’autant plus piquante qu’elle ne propose pas seulement de balayer d’un revers de main une tradition ancrée dans l’imaginaire enfantin depuis des siècles, mais surtout de la remplacer par le Père Noël qui n’est jamais qu’un succédané païen (et commercial) dudit Saint-Nicolas. Pour preuve, en anglais ne s’appelle-t-il pas… Santa Claus ?

Bon, alors, on peut effectivement gloser sur le racisme sous-jacent d’un personnage de couleur noire censé représenter le Mal puisque, à l’origine, il punissait les sales gosses, alors que le saint évêque de Myre, symbole du Bien, récompensait les enfants sages d’une orange, de friandises et de joujoux. On sait, cependant, que cette image d’Epinal a depuis longtemps évolué pour muer le Père Fouettard en assistant du patron des écoliers lors de sa distribution annuelle. Plus aucun petit, aujourd’hui, ne craint ses coups de martinet. Tous, au contraire, tendent volontiers la main vers les spéculoos qu’il puise dans la hotte lorsqu’on s’en vient saluer le grand Saint.

La véritable question est donc : l’image du Père fouettard, aimable serviteur noir d’un aimable saint blanc (d’origine turque) risque-t-elle d’induire un sentiment de supériorité, donc de racisme, chez les enfants belges et hollandais ? Je n’ai pas la réponse. Il me semble cependant qu’à elle seule la tradition est anodine. Mais il se pourrait qu’elle vienne renforcer des stéréotypes en vigueur dans certaines familles. Dans ce cas, effectivement, peut-être faudrait-il songer à adapter l’imagerie populaire, par exemple en le représentant blanc mais couvert de taches noires symbolisant la suie récoltée lors de son passage dans les cheminées la nuit du 6 décembre. Mais alors, pourquoi diable – n’a-t-il pas toute sa place ici, celui-là ? - Saint Nicolas et le Père Noël ne se salissent-ils pas eux aussi ? En attendant, en quelques jours, plus d’un million de personnes ont soutenu sur Facebook une pétition néerlandaise en vue de préserver le personnage de Zwarte Piet, preuve s’il en est qu’on ne balaye pas une tradition ancestrale d’un coup de baguette magique, fut-ce celle des droits de l’Homme !

Par ailleurs, la question de savoir s’il est pertinent d’avoir « deux Pères Noël » n’est pas dénuée de bon sens. Au siècle des enfants rois, est-il besoin de les gâter outrageusement à moins de vingt jours d’intervalle ? Quand les miens étaient petits, j’avais résolu le problème de la façon suivante : le 6 décembre, Saint Nicolas offre des jouets. Mais une nuit ne suffit pas pour en distribuer à tous les enfants du monde. Alors, ailleurs, le Père Noël prend le relais le 25 décembre. Quant à nous, ce jour-là, nous fêtons la famille autour d’un bon repas et en s’échangeant des cadeaux. Les enfants en reçoivent bien sûr, relativement modestes, de Papa, Maman ou Marraine. Ils ne viennent donc pas du Père Noël, occupé en France, en Angleterre et dans bien d’autres régions du monde.

Dernière réflexion : cette polémique me semble surtout mettre en évidence la dictature croissante du politiquement correct, qui s’exprimait plus clairement encore dans les mots récents d’une anti-Zwarte Piet évoquant à tour de bras les « personnes noires », comme si le simple terme « Noir » l’offusquait. Moi, je veux bien, mais dans ce cas, il faudrait également parler de personnes blanches, brunes ou beurres, de personnes africaines, européennes ou asiatiques, de personnes chrétiennes, juives ou musulmanes, de personnes travailleuses ou chômeuses et pourquoi pas de personnes adultes, jeunes ou enfantines (infantiles ?), de personnes grandes ou petites, de personnes sportives ou sédentaires, que sais-je encore ? Après tout, notre nom à tous est « Personne » ! 

Photo "7 sur 7" © anp

 

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Commentaires
M
Bien sûr que les enfants ne sont pas dupes : ils savent fort bien que tout "fouettard" qu'il soit, Zwarte Piet ne les fouettera jamais. Il n'y a que les adultes pour avoir peur des mots et calquer leurs propres préjugés sur des personnages imaginaires. Et cela leur donne bonne conscience, sans avoir à s'attaquer aux véritables inégalités, aux véritables problèmes sociaux, comme l'accueil des immigrés.
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I
Comme tous les gens de bon sens, je me dis:"Mais de quoi se mêle-t-il, l'ONU? N'a-t-il vraiment rien d'autre à faire? Faut-il priver les enfants de leurs derniers rêves? En quoi les droits de l'Homme sont-ils menacés, d'autant que Père Fouettard ou Zwarte Piet, associés de St Nicolas ou au Père Noël@, sont noirs parce qu'ils passent par la cheminée. Et quand bien même! Les légendes ont toujours eu leur petit coté sombre (reflètant les peurs du loup de nos ancêtres, à juste titre d'ailleurs à l'époque) et les enfants assimilent fort bien la réalité et les fiction sas se tromper. On vit aujourd'hui dans un monde bousculé à tous points de vue. Laissons au moins les enfants en paix, au lieu de couper les cheveux en vingt-huit dans des domaines parfaitement anodins.
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Z
Si l'ONU commence à s'occuper de ce genre de sujets, il a du pain sur la planche… il faut dire qu'il a résolu avec brio tous les problèmes dont il est sensé s'occuper ("Ses objectifs sont de faciliter la coopération dans le droit international, la sécurité internationale, le développement économique, le progrès social, les droits de l’homme et la réalisation à terme de la paix mondiale." dixit Wikipedia). <br /> <br /> Je suis convaincue moi aussi,que le père Fouettard (que j'ai toujours cru, moi-aussi, noir de fumée), menace les droits de l'homme et la paix mondiale. :-)<br /> <br /> En fait, tout ceci me fait bien rire. Nous allons tout droit vers la prude Amérique qui refuse le conte du petit Chaperon rouge sous prétexte qu'elle transporte du vin dans son panier…
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C
Je suis bien d'accord avec toi ! les nerfs me frisaient un peu en lisant ta réflexion sur la disparition ou pas de Zwarte Piet et comme toi, je trouve que le politiquement correct commence sérieusement à empiéter sur nos libertés de croyance et de rêve. Je n'ai jamais fêté St Nicolas, ce n'est pas une tradition familiale, mais je me sentirais dépossédée si la fête était supprimée sous prétexte de racisme, d'inégalité, de régionalisme, que sais-je... Faudra-t-il détruire un jour toutes ces merveilleuses légendes, terreau de notre imaginaire ??? Le père Noël est le premier gros mensonge que nous offrons à nos enfants et pourtant... pour rien au monde j'échangerais mes souvenirs de Noël, ni ceux de mon enfance, ni ceux de mes enfants. Belle soirée à toi. Bisous
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M
Après s'en être pris à la publicité Banania et son sympathique personnage au légendaire Y a bon, le tour de Zwarte Piet... Où cela va-t-il s'arrêter ? La dictature du politiquement correct, oui Mamilouve, c'est bien cela. Mais il n'y a donc rien de plus urgent que faire passer à la trappe des symboles de l'imaginaire collectif ? Ne vaudrait-il pas mieux pérenniser ce qui rassemble plutôt que s'ingénier à dénicher ce qui serait susceptible de diviser. L'ONU va-t-il continuer en condamnant les sorcières des contes ? Plus facile c'est vrai que de mettre à l'index les vraies noirceurs du monde si douloureuses pour celles et ceux qui les subissent. .
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