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Journal d'une mamy-boomer
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  • Soixante ans : une page qui se tourne et l’envie de partager les événements, les impressions, les sentiments de cet âge nouveau, commun à tant d’autres issus du baby-boom. Pas encore vieux, plus vraiment jeunes, qui sommes nous ?
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30 janvier 2013

Furent-ils heureux ?

481px-Paul_Serusier_-_Le_Tisserand

L’une des plus grandes frustrations du généalogiste amateur consiste à ne savoir au bout du compte que bien peu de choses sur les ancêtres qu’il se découvre. Quelques noms de famille et de lieux, quelques dates, la croyance religieuse, le nombre et le sexe des enfants, une profession parfois.

Mais qui étaient-ils vraiment ? Quelle était la couleur de leurs yeux et celle de leurs cheveux ? Les unions étaient-elles d’amour ou plutôt de convenance ? Comment vivaient-ils la mort en bas âge de tant d’enfants ?

Et puis, cet aïeul mulquinier était-il joyeux drille ou plutôt rabat-joie ? Cette lointaine cousine célibataire aurait-elle eu envie de se marier et d’avoir dix enfants comme sa sœur ? Ces jeunes époux furent-ils heureux ?

Je ne le saurai pas.  

Mais je peux imaginer.

Cette jeune maman est morte quelques jours après la naissance de mon arrière-arrière-grand-mère Marie-Catherine. Des suites de couches, bien sûr. Comme souvent, à l’époque, le veuf s’est remarié dans les mois qui suivirent. Pour prendre soin du nouveau-né, cela va de soi.

Cette autre est née de père inconnu. Pas facile en ces temps pétri de chrétienté !

Ce troisième, veuf et père de six enfants, épousa à 62 ans une jeunette de 27. L’aimait-elle ? Elle lui donna en tout cas à nouveau trois fils et deux filles. Mais né cinq mois après leur mariage, l’aîné était-il vraiment de lui ? Le vieil homme n’aurait-il pas plutôt sauvé la jeune femme d’un déshonneur certain pour avoir cueilli le guilledou avec quelque godelureau envolé sitôt le forfait accompli ? A moins qu’elle n’ait été violée ? Et puis, mon ancêtre n’échangea-t-il pas l’honneur de son épouse contre des soins dévoués dans son grand âge ? On peut se poser la question en découvrant qu’il alla ensuite habiter le village de sa belle, alors que dans tous les autres cas les jeunes filles suivaient leur époux et non l’inverse. Quoi qu’il en soit, je plains la jeune femme : outre ces 35 ans de différence avec son vieux mari, elle vit mourir deux de ses fillettes. Dans l’intervalle, elle avait mis au monde un deuxième garçon et devenait veuve presqu’aussitôt. Elle-même, mourait à 40 ans, laissant trois orphelins de moins de treize ans.

C’est que la vie ne faisait pas de cadeau en ces temps au fond pas si lointains !

Quand je le disais que j’ai pour ces ancêtres une profonde reconnaissance. Et une vraie tendresse. 

"Le tisserand", huile sur toile, Musée d'art et d'archéologie de Senlis

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Commentaires
F
J'ai eu des ancêtres tisserands à Halluin (Nord) et le tableau que vous mettez en illustration est intéressant à ce titre. Je voulais vous en demander la source et puis je l'ai vue à la fin de votre message. Merci !
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M
Il est certain que nous n'héritons pas seulement de gènes qui déterminent notre aspect physique et une part de notre tempérament. Nous sommes tous les produits d'une histoire personnelle, mais aussi familiale voire régionale et nationale. Qu'ai-je hérité de mes ancêtres sabotiers et de ces autres fileuses et tisserands dans ce petit bout de terre à la frontière de deux cultures ? Le mystère restera entier, mais c'est un peu grâce à eux que je suis aujourd'hui ce que je suis, de cela j'en suis certaine. Merci pour ta visite, Alainx.
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A
Mon frère, plus âgé que moi, a écrit l'histoire de notre famille, remontant aux années 1750. Ouvrage très documenté, deux tomes de 500 pages ! Une oeuvre échelonnée sur 10 bonnes années…<br /> <br /> <br /> <br /> Outre tout ce que j'ai pu apprendre, souvent je me suis posé les mêmes questions que les tiennes. Qu'est-ce que ces gens ont vécu ? Au plan personnel ? Leur vie affective ? La psychologie ? Tout cela dans des contextes culturels et économiques très différents d'aujourd'hui…<br /> <br /> On ne saura jamais évidemment !<br /> <br /> Pourtant cela aurait pu éclairer notre propre vie, nous aider à comprendre peut-être certaines choses que l'on a forcément reçues de notre ligne, qu'on le veuille ou non.
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M
J'aime bien ta façon d'aborder la question... De mon côté, c'est très vite un brouillard complet, et de toute façon c'est tellement de choses douloureuses que je n'irai pas faire de recherches. Mais quand je regarde mes enfants, je me demande d'où vient ce joli nez retroussé, ce sourire à fossettes, cette mèche rebelle... Et je conclus que mes ancêtres si mal connus ont malgré tout laissé de jolis cadeaux à leur descendance...
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I
Nous pouvons seulement rêver ou imaginer, en effet. Rien jamais ne confirmera les amours ou les convenances des mariages d'antan. Sauf lorsqu'une correspondance existe, pieusement transmise de génération en génération. Mais c'est si rare! Si utopique! Même la romance de nos parents proches se révèle difficile à situer. Nous devons vivre avec ces manques. Et nous pencher sur des photos patinées par le temps ne nous apprendra rien, si ce n'est un visage jeune que nous avons connu déjà ridé, la grâce d'une silhouette, la virilité de moustaches en pointe: rien, en somme!
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